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La vague rock des années 1980 et 90, d’Aquarium à Kino


Kino à Leningrad, automne 1985, une photo d’Edige Niyazov

Dans les années 1960, comme de nombreux autres pays du monde, l’Union Soviétique apprend à connaître le rock occidental, mais l’image est quelque peu tronquée : le label d’état Melodiya réédite certains groupes choisis (en piratant les disques occidentaux) tandis que d’autres disques entrent dans le pays par contrebande. Ce sont les Beatles, les Rolling Stones et Deep Purple qui sont les plus diffusés. La situation pour les groupes locaux est difficile : ils ne sont pas reconnus par le régime et sont voués à rester dans l’underground. Le style connaît cependant un âge d’or dans les années 1980, à l’époque de la perestroïka (1985-91). La censure est atténuée, les disques peuvent sortir officiellement et des clubs s’ouvrent à Moscou, Leningrad (avec le Leningrad Rock Club) et Sverdlovsk.

 

Dès les années 1970, Youri Morozov invente un style de rock psychédélique, combinant des éléments du rock progressif et de la musique traditionnelle. Il fera carrière en solo mais participe également à l’enregistrement d’albums de divers groupes qui marqueront les décennies suivantes, d’Aquarium à DDT. Un autre artiste de cette même époque est Alexandre Gradski, poète, chanteur d’opéra, multi-instrumentiste et auteur-compositeur. Lui aussi mêle les chansons de bardes à du rock, ainsi qu’à des éléments ethniques avec son groupe Skomorokhi (Les Ménestrels Vagabonds).

 

Le premier groupe à s’imposer est Aquarium ; il est considéré aujourd’hui comme fondateur du rock russe. Durant la seconde moitié des années 1980, la perestroïka permet à des formations qui auparavant se produisaient uniquement dans l’underground de trouver enfin un public plus large. Parmi celles-ci, il faut citer Kino, DDT, Nautilus Pompilius, Agatha Christie et Alisa ou encore Sergueï Kouriokhine, compositeur de musique expérimentale et pianiste, fondateur de l’ensemble multimédia Pop-Mekhanika, ainsi que contributeur à divers albums d’Aquarium. Ces artistes s’inspirent du rock occidental, celui des années 1960 et 70, mais aussi de plus en plus de la new wave et du punk rock, tout en gardant la tradition des bardes dans les paroles. Les textes parlent en effet du côté sombre de la vie soviétique dans les années 1980, d’alcoolisme, de violences domestiques, de criminalité, et transmettent souvent des messages politiques voilés.

 

Ce rock russe a des caractéristiques particulières par rapport au rock occidental : les rythmes sont différents, la basse est souvent moins mise en avant, des violons ou instruments à vent sont plus courants, mais surtout, dans la lignée des bardes, les textes et la voix sont primordiaux, même si les mélodies sont souvent plus monotones.

 

Cette période du « rock russe classique » se termine lorsque Victor Tsoi du groupe Kino meurt dans un accident de voiture en 1990 et avec la dissolution de l’Union Soviétique en 1991. Le rock ne disparaît pas, loin de là, mais il se transforme au cours de décennies suivantes, avec des embranchements vers le punk, le grunge, le nu metal, le power metal et bien d’autres styles, pour finalement décliner dans les années 2010. (ASDS)

 


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