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Folk revival et nouvelle musique traditionnelle


Dakhabrakha - Photo by Matthew B. Thompson
La défense et l’illustration de la musique traditionnelle ukrainienne a longtemps été une question politique. Durant les années soviétiques, la culture nationale était un sujet sensible, comme l’était l’influence de la musique de l’Ouest. Depuis l’indépendance, une nouvelle scène qui cherche à renouer avec la tradition a émergé.

Bien avant la dissolution de l’Union Soviétique, la musique pop ukrainienne avait déjà commencé à mêler musique folk et des influences jazz et rock provenant de l’autre côté du rideau de fer. Mais si des groupes comme Kobza ou des auteurs-compositeurs comme Volodymyr Ivasyuk s’inspirent de la tradition et insistent sur l’usage de la langue ukrainienne, beaucoup d’artistes produisent alors une pop générique d’inspiration et de langue russe. La période de la Glasnost et de la Perestroïka permettra l’émergence de nouvelles formes musicales, avec l’organisation de festivals comme Chernova Ruta et la montée en flèche de pop-stars locales comme Russya. Depuis l’indépendance une scène rock, indie et métal s’est développée, incorporant parfois des éléments traditionnels, avec des groupes comme Vopli Vidoplyasova, Mandry, Viy, TNMK (Tanok na Maidani Kongo), le chanteur Yurko Yurchenko ou la chanteuse Hrystyna Soloviy.



Il existe à travers le monde une importante diaspora ukrainienne, créée par une émigration initiée dès le 17e siècle pour diverses raisons, principalement économiques. Elle s’est installée généralement dans les pays voisins, en Russie, en Pologne, en Moldavie, en Autriche, etc. mais également plus loin aux États-Unis, au Canada, au Brésil et en Argentine. La situation après-guerre a été complexe, avec de très nombreuses personnes fuyant le pays pour des raisons politiques, ou déplacées sur ordre de Moscou. Une autre partie de ces populations est une « émigration interne » au sein de l’URSS et n’est techniquement devenu une diaspora qu’après l’indépendance. Plusieurs musiciens ont maintenu à l’étranger la tradition, la langue et les mélodies du pays. Un exemple connu est le groupe anglo-ukrainien the Ukrainians, fondé par le guitariste Pete Solowka. Après avoir réalisé une session d’enregistrement de chansons ukrainiennes avec son groupe précédent, The Wedding Present, pour l’émission de John Peel sur la BBC Radio 1, il a choisi de se consacrer intégralement à cette nouvelle formation et à un répertoire constitué de mélodies ukrainiennes, ou de versions ukrainiennes de morceaux britanniques (reprenant notamment The Smiths ou les Sex Pistols). 



Parmi les ensembles ayant émergé récemment de la scène néo-traditionnelle, un des plus intéressants est le quatuor DakhaBrakha. Créé en 2004, il s’agit à l’origine d’un projet lancé par le metteur en scène Vladislav Troitskyi du centre d’art contemporain Dakh (« le toit ») de Kyiv. Après avoir collecté pendant des années des chants traditionnels dans les villages à travers l’Ukraine, les musiciens (trois femmes et un homme) ont greffé sur cette base ancestrale des éléments hétérogènes, empruntés à la musique classique, au hip hop, aux musiques africaines, indiennes et orientales. Leurs costumes, robes et chemises brodées, hautes toques de fourrure, ajoutent un élément théâtral à leur présence sur scène. La violoncelliste et chanteuse de DakhaBrakha, Nina Garenetska, fait également partie du collectif de cabaret musical absurdiste Dakh Daughters, lui aussi formé au sein du centre Dakh. (Benoit Deuxant)


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