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Chants épiques du nord - Les Guègues


Perparim Brati & Avni Metalia (via youtube)
Si le sud de l’Albanie a développé une forme particulière de polyphonie, le chant au nord du pays a suivi une autre voie. Les Guègues possèdent un style de poésie épique chantée qui rappelle l’histoire tourmentée de la région.

Là où les Tosques et les Labs ont poursuivi à travers les siècles une iso-polyphonie chorale caractéristiques, les Guègues qui peuplent l’Albanie au nord de la rivière Shkumbin ont choisi de développer un chant monophonique, plus individuel. Leurs textes épiques parlent des luttes du peuple albanais à travers l’histoire, ses batailles contre les envahisseurs, notamment contre les Slaves, puis les Ottomans, et célèbrent des personnages historiques comme Skanderberg, seigneur de guerre du 15e siècle, ou encore les légendaires « guerriers des frontières » (dans le cycle des Kângë Kreshnikësh, les « chants des héros »).


Ces chants forment non seulement une histoire orale du pays mais véhiculent également les valeurs morales de la région. Elles défendent ainsi le code d’honneur des Guègues, basé sur la loyauté, la fidélité et une forme de règlement des contentieux et des discordes pouvant passer par de sanglantes vendettas individuelles ou familiales, en l’absence de cadre légal reconnu. Elles reflètent la vie rude des régions montagneuses et l’opposition des clans au pouvoir central.  


Les chants épiques étaient traditionnellement accompagnés au lahuta, un luth à une corde, joué à l’archet. Dans certaines régions, plus au sud, le lahuta est remplacé par le çifteli, instrument à deux cordes, dont l’une est utilisé pour produire un bourdon et l’autre la mélodie. Outre les « chants des héros », il existe d’autres cycles épiques comme la légende des frères Mujo et Halil et sa suite Halil et Hajrije, ainsi qu’une tradition de chants de lamentation.


La plupart de ces ballades sont interprétées uniquement par les hommes (avec pour exception les « vierges sous serments », femmes ayant choisi de vivre comme des hommes en échange d’un vœu de chasteté), mais elles sont aujourd’hui également interprétées par les femmes. Contrairement au sud où elles sont uniquement exécutées par les femmes, les lamentations vajtim sont exclusivement chantées par les hommes au nord.


Il existe d’autres formes musicales au nord de l’Albanie, notamment des chants de bergers, parfois accompagnés à la clarinette zumarë, et des musiques de danse jouées par des ensembles rassemblant des çiftelis et des percussions comme le def. Parmi les chants de bergers, il faut également signaler la tradition du maje-krahi, une forme de chant dérivée, comme le yodel, des cris servant à la communication à travers les montagnes par les pasteurs puis par les partisans. (BD)


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