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Amália Rodrigues – l’âge d’or du fado classique


Amália Rodrigues en 1969 (photographe inconnu, via wikicommons et le Nationaal Archief NL)
Amália Rodrigues est une des figures les plus importantes du fado. Elle a interprété le style de manière classique mais a également innové, ouvrant une voie nouvelle pour les chanteurs des décennies suivantes.

Amália Rodrigues est née en 1920 dans un quartier ouvrier de Lisbonne. Très vite, elle a dû gagner sa vie et est devenue brodeuse puis vendeuse de fruits sur le port. Même si sa voix enchantait déjà, sa famille ne souhaitait pas qu’elle devienne artiste mais sa rencontre avec le grand guitariste Armandinho, ami d’un de ses frères, est décisive. Il a insisté pour qu’elle monte sur scène et il devient son accompagnateur dans les casas típicas de Lisbonne. Dès le début des années 1940, elle est appréciée pour son style de chant et sa présence sur scène, immobile, les yeux fermés. Elle est créative et utilise des ornementations et glissando pour accentuer les émotions, et sa voix possède des sonorités qui évoquent des traditions très diverses, de la soul au chant arabe. Ses premiers enregistrements ont eu lieu au Brésil, alors qu’elle tournait déjà dans le monde entier. Très vite, elle entame également une carrière au cinéma.


Pendant trois décennies, Rodrigues a interprété du fado classique, suivant les règles édictées au début du 20e siècle mais au début des années 1960, une rencontre marquante avec le compositeur Alain Oulman va lui permettre d’ouvrir les horizons du fado. Ses chansons prennent de nouvelles directions, avec un choix de poésies (notamment de Luis de Camões ou de Fernando Pessoa), mélodies et accompagnements différents. Ce changement a causé scandale à l’époque parce qu’il rompait avec la tradition mais cela ne l’a pas empêchée d’étendre sa renommée nationale et internationale. Quand elle est décédée en 1999, le pays entier l’a pleurée.


Les années 1940 à 1960 peuvent être considérées comme un âge d’or du fado et divers autres artistes ont dominé la scène locale, même si dans l’écriture de l’histoire du style, ils ont été éclipsés par Amália Rodrigues. Alfredo Marceneiro (1891-1982) était menuisier de métier et se produisait toujours avec sa casquette et son foulard autour du cou. Son ton mélancolique et émouvant a séduit son public, bien plus que sa voix qui était un peu enrouée.  


Carlos do Carmo (1939-1921), fils du la grande chanteuse Lucília do Carmo, intègre dans sa musique des influences de styles qu’il appréciait beaucoup : de la bossa nova, les chansons de Brel, Sinatra et des Beatles. Il laisse tomber le trio instrumental classique et se fait accompagner par un orchestre, jouant dès lors dans de grandes salles de concert.


Citons également Maria Teresa de Noronha (1918-1993), Fernando Farinha (1928-1988), Maria da Fé (1945) ou encore Teresa Silva Carvalho (1935), qui ont toutes et tous fait carrière à partir des années 1940, et jusque dans les années 1990-2000.


Le succès du fado a forcé le régime fasciste de Salazar à embrasser le style, à le promouvoir comme un symbole de la nation portugaise, mais avec une certaine réticence. La censure a cherché à canaliser les textes pour qu’il ne contredisent pas les notions de progrès que le gouvernement souhaitait mettre en avant, laissant de côté les images des bas-fonds et de la pauvreté. Durant les années 1970, le fado a perdu en vigueur et popularité, notamment en raison de ses liens présumés avec le régime dictatorial. (ASDS)


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