Coimbra – chansons et guitares

Les étudiants lisboètes ont introduit le fado à Coimbra au milieu du 19e siècle mais très vite ils ont commencé à modifier le style et les chansons pour qu’elles coïncident mieux avec leurs attentes et leurs activités liées aux rites universitaires et à la vie étudiante. Ce milieu académique était à l’époque quasi exclusivement de sexe masculin. Même si on parle souvent de fado, il s’agit dans la ville d’un ensemble plus large de cançao, des chansons de genres divers incluant également la balada et la guitarrada, qui ont absorbé les influences de la musique traditionnelle et du bel canto italien.
Ce chant est plus joyeux et plus entraînant que celui de Lisbonne. Il est historiquement interprété par des hommes (même s’il existe aujourd’hui quelques ensembles féminins), souvent en groupe, vêtus de noir, dans l’habit académique. Il était pratiqué le soir dans les rues et sur les places, ou encore sous la fenêtre d’une demoiselle ou d’une dame et il prend alors la forme d’une sérénade. Aujourd’hui, il est plutôt interprété en concert et lors de fêtes universitaires. Comme à Lisbonne, les chansons sont accompagnées de guitarra et de viola mais les thèmes sont différents, liés à la vie universitaire.
Le premier artiste populaire de Coimbra était Augusto Hilário (1864-1896), un étudiant en médecine menant une vie bohême, qui excellait dans les chansons à quatre strophes et les sérénades romantiques. Sa composition « Fado Hilário », toujours interprétée aujourd’hui, reste l’une des plus représentatives du style du 19e siècle.
Les années 1920 ont été marquées par le chanteur et musicien António Menano (1895-1969), également étudiant en médecine. Il a enregistré à l’époque pour le label Odéon à Paris, Lisbonne et Berlin et ses compositions ont contribué à la diffusion du style en dehors de la ville et à l’étranger. C’est dans les années 1930 et 40 que la chanson de Coimbra connaît son âge d’or et parmi les nombreux musiciens qui sont en activité à l’époque, Edmundo Bettencourt (1899-1973) et Artur Paredes (1899-1980) sont les plus connus. Ce dernier a adapté la guitare portugaise au style de Coimbra et a développé certaines nouvelles techniques. Son fils, Carlos (1925-2004), a pris le relais et a également été un grand innovateur du style.
Durant les années 1950, le style a connu un regain de popularité mais a également été repensé. Les grands interprètes de l’époque sont Fernando Machado Soares (1930-2014), Luís Goes (1933-2012), José Afonso (1929-87) (aussi connu pour ses chants de protestation), António Portugal (1931-94) et António Brojo (1928-99), les deux derniers ayant formé le Quarteto de Guitarras de Coimbra. Dans les années 1970, le style a connu mauvaise presse, mais la tradition est toujours vivante aujourd’hui auprès de la population estudiantine même si elle n’a pas connu de revival similaire au fado lisboète. Le style n’a pas vraiment évolué et s’est cristallisé dans une forme du passé. (ASDS)
À Médiathèque Nouvelle
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MU1502 Fernando Machado Soares, Portugal: Le Fado De Coimbra Ocora, 1988. Enregistrement 1987.
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MU0040 Tempo(S) De Coimbra: Oito Décadas No Canto E Na Guitarra Emi Portugal, 1992.
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MU0146 Vozes E Sons De Coimbra Tradisom, 1926-1929.
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MU0195 Fados From Portugal Vol. 2: Fado De Coimbra 1926-1930 Heritage, 1992. Enregistrement 1926-1930.
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MU1822 António Menano, Fado's Archives Vol. V: Antonio Menano (1927-1928) Heritage, 1995. Enregistrement 1927-1928.
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MU1382 Luís Goes, Antonio Portugal & Qu. De Coimbra, Fados De Coimbra Philips Portugal, 1958.
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MU0268 José Afonso, Fados De Coimbra E Outras Canções Movieplay Portuguesa, 1981.