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La musique folkorique : du rancho folclorico à Deolinda


Grupo Etnográfico Danças e Cantares do Minho (via youtube)
Durant la période de la dictature, la musique traditionnelle et folklorique a été mise au service de la propagande du régime. Après la révolution des Œillets, de nouveaux groupes ont œuvré à la réhabiliter et à la reconstruire.

Le régime conservateur de l’Estado Novo d’Antonio de Oliveira Salazar a inventé le mythe national d’une population rurale heureuse, travaillant dans la joie. Il s’est basé pour cela sur le réseau des ranchos folcloricos (groupes folkloriques), qui avait été créé à la fin du 19e siècle. Dans un double souci de préserver les traditions culturelles du pays et de lui donner une identité nationale, des artistes et des chercheurs avaient alors rassemblé un corpus de danses et de chansons, et mis sur pied des troupes locales de danse et de musique folklorique. 


Cette initiative d’érudits et de musiciens visant à préserver les répertoires locaux a été détournée par la dictature conservatrice pour illustrer sa vision d’une culture portugaise traditionnaliste, catholique et rurale. L’insistance sur l’identité nationale, la nostalgie d’une époque plus simple, et l’exaltation d’un peuple de paysans, insouciant et joyeux, a souvent été un instrument des propagandes totalitaires, qu’il s’agisse de l’idée de Volk des nazis, ou du fakelore du bloc de l’Est . L’Estado Novo a emprunté à l’Allemagne hitlérienne le concept de Kraft durch Freude pour créer la Fondation nationale pour la joie au travail (FNAT), l’organisme chargé de soutenir et contrôler les activités des ranchos folcloricos.


C’est de cette époque que date la tradition d’utiliser des costumes régionaux anciens, datant du tournant du 20e siècle, pour jouer des reconstitutions de danses et de chants semi-traditionnels. C’est aussi de cette époque que date la mauvaise réputation de concept de « folklore » à travers le monde. Après la révolution des Œillets, de nombreuses troupes de ranchos folcloricos ont continué à se produire, et de nouvelles sont encore apparues. Le propos est toutefois aujourd’hui différent et la glorification de l’identité nationale a cédé la place à la représentation de l’identité régionale. Une insistance nouvelle a été portée sur l’authenticité des costumes, des chants et des danses, et la validité des sources historiques des spectacles.


L’exode rural a néanmoins mis à mal beaucoup de ces traditions musicales, même si elles se poursuivaient à l’occasion des festivités locales. Beaucoup de régions les ont préservées sous forme de musique pour touristes. Mais un courant récent cherche à les recréer, parfois dans un contexte plus urbain que celui de leurs origines. Depuis la fin des années 1970, des groupes comme Brigada Victor Jara, Gaiteiros De Lisboa, Almanaque, Ronda dos Quatro Caminhos ou le joueur de cavaquinho Júlio Pereira, collectent et reproduisent les répertoires régionaux traditionnels. Plus récemment le groupe Deolinda, fondé en 2006, a créé une nouvelle musique populaire inspirée par le fado et par ses origines traditionnelles. (BD)


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