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Les instruments du fado : guitarras et violas


António Chainho jouant de la guitarra (via wikicommons)
Le chant du fado est accompagné par un instrument spécifique aux sonorités particulières, la guitarra, qui trouve ses origines dans le cistre européen.

C’est dans les années 1930 que l’accompagnement instrumental du fado prend une forme plus ou moins définitive, et les voix sont dès lors soutenues par une guitare portugaise, la guitarra, et par une guitare classique, la viola, et parfois par une viola baixo qui joue la basse. Ces instrumentistes sont souvent restés dans l’ombre de l’interprète principal mais ont joué un rôle primordial.


La guitarra ou guitare portugaise est l’instrument phare du fado. Piriforme, elle est très spécifique et ne ressemble pas à une guitare classique. Elle dérive du cistre européen qui est arrivé au Portugal au 18e siècle sous le nom de guitare anglaise, par l’intermédiaire de la communauté britannique de Porto. Cet instrument, tombé en désuétude dans le reste de l’Europe, a rencontré un certain succès dans le nord du Portugal et a subi des transformations à la fin du 18e siècle pour former la guitarra actuelle. Elle y était utilisée dans les ballades modinha, populaires à l’époque au Brésil et au Portugal. Ses sonorités délicates et relativement aigües, au vibrato assez prononcé, sont idéales pour accompagner la voix mais aussi pour mener les ensembles instrumentaux.


La guitarra de Lisbonne est légèrement différente de celle de Coimbra qui possède une caisse de résonance plus grande et des sonorités plus profondes. Toutes les deux possèdent six paires de cordes en acier : trois sont frappées et les trois autres sont pincées. Ces dernières produisent un son plus bas et soutiennent le vibrato des trois premières.


Cette guitarra est en général accompagnée d’une viola de fado, une guitare à six cordes de style espagnol, similaire à la guitare acoustique. Cette viola fournit la base harmonique et rythmique. Il existe au Portugal une multitude de ces violas, de tailles très différentes, de la viola braguesa du nord du pays au cavaquinho (qui grâce à sa petite taille a voyagé dans le monde entier et est arrivé à Hawaï où il est devenu l’ukulélé).


Une viola baixo accompagne de plus en plus souvent les fadistes, même si elle n’est pas indispensable. Elle assure un rythme régulier, soutenant les autres instruments avec ses progressions de basse harmonique.  


Les grands artistes sélectionnent eux-mêmes leurs accompagnateurs. Il s’agit en effet de créer un dialogue et une harmonie entre voix et instrument, le jeu de la guitare étant en contrepoint de la mélodie chantée. Parmi les interprètes les plus connus, on peut citer Armandinho (1891-1946) qui a composé de nombreux morceaux toujours joués aujourd’hui et qui a accompagné Amália Rodrigues en tout début de carrière, Raúl Nery (1921-2012) qui a accompagné les grandes chanteuses du moment, d’Amália Rodrigues à Maria Teresa et qui a élaboré un style particulier qui associait plusieurs mélodies en une suite plus longue, ainsi qu’António Chainho (1938), accompagnateur fort demandé mais aussi réputé pour son jeu en solo et ses collaborations très diverses, de Paco de Lucia à John Williams.


Depuis quelques décennies, la guitarra s’est émancipée du fado et l’instrument est joué pour lui-même, les interprètes devenant également compositeurs de nouvelles pièces. José Nunes (1915-1979) est connu pour sa technique, a enregistré plus de cinquante albums et a joué avec de nombreux autres musiciens ; Carlos Gonçalves (1938-2020) a accompagné Amália Rodrigues mais a également composé et enregistré différents albums en solo ; Carlos Paredes (1924-2004) a réinventé et modernisé de nombreux accords du fado, a écrit des musiques pour des films et collaboré avec des musiciens très divers comme le contrebassiste jazz Charlie Haden ; Pedro Caldeira Cabral (1950) joue du fado et des ballades à la guitarra, ainsi que ses propres compositions. (ASDS)


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