Mondorama

Le chant est répandu à travers tout le pays, et est pratiqué a capella ou en chœur selon les régions. Les cantigas et les modas, les chants et les airs, recouvrent des sujets divers, la croyance religieuse, la peine au travail, la joie et l’émotion ; ils peuvent divertir et critiquer, célébrer ou revendiquer. La plupart des chants sont polyphoniques, à deux, trois ou quatre voix, généralement féminines, à l’exception du chant polyphonique du Bas-Alentejo, où les choristes des groupes vocaux sont principalement masculins. Dans cette dernière tradition, deux voix principales, le ponto et l’alto sont rejoints progressivement par le reste du chœur, pouvant compter jusqu’à une trentaine de chanteurs. Les textes célèbrent l’identité régionale de l’Alentejo avec parfois une distinction entre les rives gauche et droite du fleuve Guadania, et leurs capitales culturelles respectives, Serpa et Cuba. Après de nombreuses années de résistance, il existe aujourd’hui également des chœurs de femmes.

Un autre type de chant est celui des joutes vocales (canto ao desafio) dans lesquelles deux chanteurs s’affrontent en improvisant des rimes sur des mélodies et des rythmes donnés, parfois accompagnés d’une guitare, d’une guitarra ou d’un accordéon.

Les bandas filarmónicas sont des fanfares constituées de musiciens souvent non-professionnels, et liées à un village, une ville ou un quartier. Héritières des fanfares militaires, elles sont devenues à la fin du 19e siècle l’accompagnement obligé de toute fête religieuse ou profane. Constituées principalement d’instruments à vent et de percussions, ce sont souvent des associations jouant un rôle autant social et communautaire que musical.
Les danses de Paulitos, ou danses des bâtons, sont une tradition commune avec l’Espagne. Les régions qui les pratiquent empruntent d’ailleurs parfois les paroles des chansons en castillan à leurs voisins. Ce sont des danses folkloriques pendant lesquelles les participants exécutent des figures en entrechoquant des bâtons. On relie généralement ces danses, principalement masculines, à d’anciennes danses d’épées héritées de l’Antiquité.

Les instruments principaux de la musique traditionnelle sont la gaita de fole (cornemuse), le couple de percussions caixa e bombo (caisse claire et grosse caisse), le couple fraita e tamboril (flûte et tambour joués par une seule personne), et plus récemment l’accordéon concertina, la guitarra et la guitare (qui sont au Portugal deux instruments très différents) ou encore le cavaquinho, instrument à corde de petite taille, qui deviendra le ukulélé en Polynésie. 

Une grande partie de la connaissance que nous avons de la musique traditionnelle est due au travail du chercheur corse Michel Giacometti consacré à la collecte et à l'enregistrement du patrimoine portugais. Il est à l’origine de la série de disques Anthologie de la musique régionale portugaise, une collection éditée par la Phonothèque Portugaise et sortis en France par Le Chant du Monde, puis réédités par Strauss. Plus récemment, les chercheurs Domingos Raposo et Mário Correia ont poursuivi cette œuvre en réalisant plusieurs séries de disques consacrés aux chanteurs et chanteuses régionales (Cantos tradicionais) ainsi qu’aux joueurs de cornemuse (Gaiteros tradicionais). (BD)