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Galice et Asturies – nouvelles musiques traditionnelles


Mercedes Peon (via youtube)
Après la mort du dictateur Franco, un mouvement de revival a lancé la redécouverte des musiques traditionnelles de Galice et des Asturies. Le répertoire celto-galicien qui en est sorti se poursuit aujourd’hui avec d’autres formes de fusion.

La musique traditionnelle a souffert de son appropriation par le régime conservateur du dictateur Franco. Durant cette période, les musiciens et le public ont rejeté la musique folklorique, associée au nationalisme et considéré comme rétrograde, pour lui préférer des formes musicales plus modernes. Après sa mort en 1975, un mouvement a au contraire cherché à redécouvrir le patrimoine traditionnel de Galice et des Asturies et une forme de revival a débuté. Dès la fin des années 1970, un grand nombre de formations sont apparues :  Os Areeiras, Os Rosales, Os Campaneiros ou encore Os Irmáns Garceiras. L’université de Vigo a organisé des ateliers dont sont par exemple sortis les musiciens qui ont formé le groupe Milladoiro, qui a été un des premiers à chercher à inscrire la musique galicienne dans le contexte plus large de la musique celtique. 


Les années 1980 et 1990 ont vu l’approfondissement de ce rapprochement des musiciens galiciens avec la scène internationale du folk celtique, et l’entrée des artistes espagnols dans la world music et la fusion. Le chanteur Uxia et le groupe Fia na Roca ont popularisé cette vision moderne de la musique traditionnelle. C’est sans doute Carlos Nunez qui connaitra le plus de succès avec cette formule, notamment avec ses très nombreuses collaborations avec des musiciens de renommée mondiale comme les Chieftains, Ry Cooder ou Sinead O’Connor. Sa fusion des instruments galiciens avec des styles aussi divers que le flamenco ou la musique berbère, et son insistance sur le lien entre sa culture et le monde celte, a fait de lui un des principaux représentant de sa région sur les scènes internationales. 


D’autres musiciens suivront ses traces comme les joueurs de cornemuse galicienne Xosé Manuel Budiño et Susana Seivane, le groupe Tanxugueiras, et les chanteuses Uxía, Guadi Galego, Luar na Lubre, Sés, Sonia Lebedynski et Mercedes Peón. La musique des Asturies connaitra également un renouveau avec notamment le cornemusiste Hevia et les groupes Llan de Cubel et Tejedor.


Cette « mise à jour du folklore » s’est faite avec l’apport de différents éléments étrangers, l’instrumentation et la production du rock, des emprunts à différentes musiques, depuis les percussions afro-cubaines jusqu’au kodo japonais, et s’est poursuivi par la suite par l’introduction de l’électronique. Une première tentative un peu primitive a consisté en versions disco d’airs traditionnels, comme la « Muiñeira de Chantada » revue par le goupe Son Lalin. 


Aujourd’hui plusieurs artistes associent de manière beaucoup plus intéressante et novatrice la tradition et l’électronique. C’est le cas de la chanteuse Mercedes Peón, déjà citée, qui incorpore des éléments électro, rock et industriels à ses chants d’inspiration traditionnelle. Le musicien et chanteur Xabier Diaz a tout à la fois exploré le répertoire traditionnel galicien et cherché à l’élargir en s’inspirant d’autres musiques européennes, latino-américaines et africaines. Le duo Boyanka Kostova mêle électronique, trap et sonorités traditionnelles. 


Baiuca est le projet électronique du musicien Alejandro Guillán qui associe les machines et les instruments galiciens, et collabore avec des artistes comme Xosé Lois Romero, le duo Aliboria (Alejandra et Andrea Montero), Carlangas, Carlos Nunez ou encore le chanteur Rodrigo Cuevas. Ce dernier de son côté, originaire des Asturies, se décrit lui-même comme un agitateur folklorique. Sa musique s’inspire des rythmes et chants du nord de l’Espagne, qu’il s'approprie en les modernisant à grand renfort d’instrumentation électronique et d’audace formelle. L’originalité de sa démarche se retrouve également dans le personnage qu’il s’est construit : à moitié drag queen, à moitié sorcier hidalgo, un costume queer inattendu dans le monde conservateur de la musique traditionnelle. (BD)


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