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La guitare flamenco – d’accompagnateur à soliste


JERÓNIMO MAYA performs his piece "A Mi Mara (Seguiriyas)" on a 1990 Miguel Rodriguez guitar
Bien que constituant un ajout tardif au flamenco classique, la guitare en est devenue l’instrument emblématique. A l’origine limitée à l’accompagnement du chant, elle s’est progressivement imposée comme un élément indissociable du genre.

Comme on l’a vu au chapitre précédent, le chant flamenco le plus ancien (et selon les puristes, le plus authentique) était exécuté a palo seco, sans autre soutien que les palmas, les battements de mains. Mais cette vision sévère et stricte va être remise en question lorsque le flamenco va passer du statut de chant privé, interprété dans les fêtes gitanes, à une musique professionnelle jouée dans les cafés cantante. Dans un même mouvement, pour séduire un public payo (non-gitan) non averti, et pour s’adapter aux exigences du lieu et à son acoustique, un accompagnement instrumental va être ajouté au chant. 


Le choix de l’instrument va s’imposer rapidement : la guitare espagnole. Utilisée dans la musique traditionnelle espagnole depuis le 16e siècle, descendante d’instruments comme l’oud, le luth ou la vihuela, elle va obtenir sa forme actuelle au milieu du 18e siècle lorsqu’on lui rajoutera une sixième corde. On crédite un luthier d’Almeria, Antono Torres Jurado, d’avoir inventé à la fois la guitare classique et la guitare flamenca. Ce dernier modèle, mis au point principalement pour représenter une alternative bon marché au premier, avait des caractéristiques qui ont immédiatement convenu au style flamenco : plus petite mais avec un son plus puissant, plus percussif, et une résonnance courte, qui évite que les accords se chevauchent. 


Les musiciens du flamenco ont très vite détourné l’instrument pour lui imposer un jeu plus en phase avec le chant. Bien qu’accordée selon la gamme chromatique européenne, la guitare flamenca est jouée en mode oriental, parfois au prix de dissonances inhabituelles pour des oreilles occidentales. L’accompagnement, limité au début à la marque des compas, la mesure du rythme, va s’élargir avec l’introduction de courts interludes instrumentaux et de falsettas (des variations). Généralement improvisé, sous la direction du chanteur, cet accompagnement est également caractérisé par des techniques particulières comme la percussion sur le corps de la guitare, le trémolo et le rasgueado, le geste typique de la guitare flamenca, consistant à balayer toutes les cordes avec la main ouverte en forme d’éventail.


Parmi les grands noms de la guitare flamenca moderne, il faut citer Ramon Montoya, Javier Molina, Nino Ricardo, Antonio Sanchez ou encore Manolo Sanlucar. Plus récemment des guitaristes comme Tomatito, Manolo Franco


ou Paco Cortes se sont vu reconnaitre comme d’excellents accompagnateurs. D’autres ont établi leur réputation comme solistes, tels que les frères Pepe et Juan Habichuela, Rafael Riqueni, Enrique de Melchor, Gerardo Nunez, Vicente Amigo, Carlos Montoya ou encore Jeronimo Maya. Dans les années 1970, un jeune guitariste va révolutionner le flamenco dans son duo avec le chanteur Camarón De La Isla et favoriser l’émergence d’un nouveau genre, le nuevo flamenco, qui sera examiné dans le prochain chapitre. (BD) 


À Médiathèque Nouvelle

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