Le Pays basque – Rock Radikal Vasco et nouvelles musiques traditionnelles
Rock , Accordéon , Nouvelle musique traditionnelle , Punk , Espagne , Pays basque , Txalaparta
05 mai 2025

Dès les années 1960, un mouvement de revival de la culture et de la musique basque a été entamé, mettant en avant des traditions quasi oubliées. Des chanteurs comme Miquel Laboa et Benito Lertxundi, ainsi que le groupe Oskorri, composent des chansons en basque et luttent pour la reconnaissance de leur région, rejoignant le mouvement plus large du folk et de la nueva cancion ibérique et latino-américaine. Au début des années 1970, des disques de rock britannique et américain atteignent l’Espagne, au moment où la dictature franquiste commence à s’ouvrir. Du côté français du Pays basque, le chanteur Niko Etxart (avec Odol Berria, notamment) et le groupe Errobi mènent le mouvement. Du côté espagnol, le rock symphonique et le folk anglais sont particulièrement prisés et des formations comme Itoiz, Izukaitz et Haizea, entre autres, les mélangent aux musiques traditionnelles. Même si leur carrière est de courte durée, ils laisseront une trace durable dans le paysage musical basque.
Dans la seconde moitié des années 1970, sous l’influence du punk venant d’Angleterre, et suite à la crise économique qui provoque une forte montée du chômage, et en parallèle avec la montée du mouvement indépendantiste basque qui cause un climat persistant de violence, une esthétique DIY voit le jour et différents groupes se forment, jouant une musique punk, mais qui se décline également en ska, reggae, hardcore, heavy metal ou rock. Ce qui rassemble ces groupes n’est donc pas un style mais bien une opposition radicale au pouvoir, quel qu’il soit. Le Rock Radikal Vasco, nom qui est donné au mouvement, domine la scène basque durant les années 1980. Dans son pendant punk et rock, la musique est rapide, très directe et les textes sont récités ou criés plutôt que chantés. Les concerts impliquent une forte présence sur scène et l’interaction avec le public est primordiale et continue. Les textes sont crus, parlant de la vie quotidienne, mais sont parfois aussi très imagés, proches de l’écriture automatique. En parallèle au punk, le reggae et le ska sont également très représentés, offrant un contrepoint, tout en restant très radicaux. Le choix de ces styles de musique est lié à une critique du monde occidental et une mise en avant de traditions venant de pays décolonisés et non-alignés. Un réseau se crée, incluant maisons de disques, radios libres, fanzines, salles de concerts qui redessinent le paysage musical local, créent des liens avec la scène punk française autour de Bérurier Noir et de Boucherie Productions et exerceront une influence sur une longue durée.
La plupart de ces artistes chantent en castillan mais deux formations particulièrement significatives s’expriment en basque, Hertzainak et Zarama, ainsi que Kortatu qui rejoint le mouvement peu après et devient un des groupes les plus importants du moment. On peut aussi citer Barricada, La Polla Records et Potato. Certains artistes restent en marge du mouvement Rock Radikal Vasco, comme Jotakie ou M-ak, un groupe fondé par le chanteur Xabier Montoia et le musicien Kaki Arkarazo, avec Angel Katarain. Les cinq disques du groupe n’ont peut-être pas atteint un large public à l’époque à cause des compositions très noires et expérimentales mais ils sont aujourd’hui reconnus pour leur influence dans le milieu culturel basque.
Le Rock Radikal Vasco s’essouffle un peu à la fin des années 1980 et au début des années 1990 avec la disparition de certains groupes comme Kortatu. Plusieurs de ses membres forment Negu Gorriak, composé des frères Iñigo et Fermin Muguruza et de Kaki Arkarazo. Le groupe propose du hip hop en basque et crée le label Esan Ozenki dans un souci d’autogestion et d’indépendance artistique. La scène locale se diversifie, allant du hardcore à la noise pop, du reggae au folk, et surtout du heavy metal.
C’est aussi à cette époque que la jeune génération s’intéresse à nouveau aux traditions et redécouvre l’accordéon trikitixa. L’instrument se mélange aux guitares et à une batterie, créant un son plus rock. Au cœur de ce mouvement, on retrouve Kepa Junkera qui est un des premiers artistes à avoir innové, créant de nouvelles manières de jouer l’instrument. Son style expérimental a déconcerté les puristes de l’époque. Il a été formé par son grand-père qui connaissait la tradition et s’est inspiré des musiques de Catalogne, de Galice mais aussi du Québec et de l’Irlande. Il a travaillé avec des musiciens du monde entier, des Chieftains (Irlande) à Ricardo Tesi (Italie), de Justin Vali (Madagascar) à La Bottine Souriante (Québec).
Les rythmes basques sont toujours joués mais d’autres styles comme le pasodoble, la cumbia, le texmex, le vallenato, le rock ou le rap sont intégrés dans les mélodies, attirant un nouveau public. Le duo Tapia eta Leturia est également sur les devants de la scène ; leur album Juergasmoan (1990) est un véritable tournant dans la musique d’accordéon. Des groupes et duos comme Gozategi, Alaitz eta Maider, Maixa eta Ixiar proposent une musique qui tend vers la pop et qui est d’ailleurs nommée triki pop. Plus récemment, le trio Gose a associé l’accordéon à de la musique électronique, créant un monde sonore différent, tandis que le groupe Korrontzi a en partie pris la relève de Kepa Junkera, qui est d’ailleurs toujours actif.
Parallèlement, des artistes se sont tournés vers d’autres traditions anciennes, créant une nouvelle musique. Le guitariste Ruper Odorika, l’accordéoniste Joseba Tapia et le mandoliniste Bixente Martinez fondent Hiru Truku et proposent sur leurs disques un répertoire de chansons traditionnelles remises au goût du jour. Alboka, composé de Txomin Artola, Joxean Goikoetxea, Alan Griffin et Joxean Martín Zarco renouvelle le répertoire de l’instrument du même nom, de même qu’Ibon Koteron. Oreka TX s’est emparé du txalaparta, le fusionnant avec des percussions du monde et créant un monde sonore innovant et intriguant. (ASDS)
À Médiathèque Nouvelle
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XK755A Koratatu, Kolpez Kolpe Bondage Records, 1988
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XK755C Kortatu, Azken Guda Dantza Esan Ozenki Records, 1988
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MO7290 Haizea, Haizea Elkar, 1977.
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MO7370 Itoiz, ...Eremuko Dunen Atzetik Dabil Elkar, 1987.
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MO7371 Itoiz, Espaloian Elkar, 1985.
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MO7650 Fermin Muguruza, Brigadistak Sound System Piranha, 2001. Enregistrement 1998-1999.
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MO7002 Trikitixa ! (An Introduction) Erde, 1991.
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MO7008 Triki 1 Diatonic Dynamite Elkar, 1995.
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MO7016 Rockin' Trikitixa Triki-Elkarlanean.
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MO7042 Alaitz Eta Maider, Inshala Triki-Elkarlanean, 1999.
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MO7043 Alaitz Eta Maider, Auskalo Triki-Elkarlanean, 2002.
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MO7396 Kepa Junkera & Cobla Sant Jordi, Kirineoc Discmedi Blau, 2018.
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MO7404 Kepa Junkera, Bilbao 00:00 H Resistencia, 1998.
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MO7405 Kepa Junkera, Maren Emi Spain, 2001.
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MO7830 Tapia Eta Leturia, Juergasmoan Elkar, 1990.
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MO7263 Gose, Gose Oihuka, 2005.
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MO7045 Alboka, Bi Beso Lur Aztarna, 1998.
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MO7520 Ibon Koteron & Kepa Junkera, Leonen Orroak Elkar, 1996.
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MO7685 Oreka Tx, Quercus Endorphina Elkarlanean, 2001.
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MO7686 Oreka Tx, Nömadak Tx World Village, 2008. Enregistrement 2003-2006.
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XZ204A Zarama, Sexkalextrik Elkar, 1991