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Une expression de l’amour et des sentiments : la copla


Imperio Argentina
Chanson sentimentale, la copla est née avec le 20e siècle et les débuts de l’industrie phonographique. Elle est toujours populaire aujourd’hui en Espagne.

Au fil du temps, la chanson espagnole a connu des transformations mais elle a toujours exprimé des émotions comme l’amour, la haine, la jalousie, l’espoir, la perte ou le deuil, tout comme de nombreux autres styles du monde entier. Elle transmet l’intimité et les représentations sentimentales d’un peuple, avec plus ou moins de tristesse ou d’allégresse. En Espagne, le style principal est la copla, un style qui pourrait être l’héritier des anciennes romances et inspiré des poèmes en vers interprétés sur différents rythmes qui existaient déjà au 14e siècle. Il n’a pris forme qu’au début du 20e siècle mais a gardé la structure en rimes ou en strophes A-B-C-B du passé. Il y a des liens avec le chant flamenco, la copla utilisant des éléments de phrasé et des rythmes du cante jondo. C’est une expression qui dépasse les limites régionales et qui est partagée par un pays entier, et qui s’est propagé dans d’autres pays, à l’image du boléro ou du tango.


Ce genre a commencé à séduire le public au début du 20e siècle avec l’avènement de l’industrie phonographique et est devenu extrêmement populaire dès les années 1930, avec des compositeurs  comme Antonio Quintero, Rafael de León et Manuel Quiroga qui ont composé de nombreuses chansons célèbres, et des stars comme Imperio Argentina, Estrellita Castro, Concha Piquer, Miguel de Molina, Raquel Meller, Lola Flores, Juanita Reina, Manolo Escobar, Juanito Valderrama, Sara Montiel et Antonio Molina.


Ces chanteuses et chanteurs étaient accompagnés par un orchestre de plus ou moins grande taille, et se produisaient dans des cabarets ou des théâtres de variétés. Leur répertoire était plus large que la copla : ils se sont tournés vers la zarzuela, un genre de théâtre lyrique proche de l’opérette, vers les danses populaires en Europe à l’époque comme le foxtrot et la valse, mais aussi vers des styles cubains, antillais et argentins comme le boléro, qui a fait des allers-retours entre Cuba et l’Europe, la habanera, le calypso, la biguine ou le tango. Une des habaneras les plus connues est « La Paloma », composée par le Basque Sebastián Iradier lors d’un voyage aux Antilles (ou à son retour). Il faut noter le travail inlassable et un peu extrême du label Trikont qui a édité six disques avec plus de cent versions différentes de la chanson. A partir des années 1940, la copla a été intégrée dans la bande-son de nombreux films.


Les paroles parlent de la passion amoureuse, évoquant souvent ses plus sombres côtés, de la solitude au désespoir. Elles décrivent des personnages marginaux, des prostituées, des marins en quête de plaisir, des prisonniers en cavale, des homosexuels, des enfants illégitimes, des femmes battues mais aussi des femmes puissantes. La copla n’avait pas d’orientation politique ni religieuse, son but premier était de conter et d’explorer ces thèmes de la vie quotidienne ; elle a toujours réussi à contourner la censure mais le soutien du régime franquiste à ce style qui représentait pour lui l’identité nationale a généré des critiques, notamment parce que quelques chanteuses ont été hissées au rang de monument national, mettant en avant les stéréotypes de l’Espagne nationaliste. Les autorités, soutenues par le clergé catholique, avaient également tenté d’édulcorer les paroles trop osées de certains morceaux.


A la fin de la dictature, des artistes comme Carlos Cano et Juan Manuel Serrat lui ont redonné ses lettres de noblesse, renouvelant le style qui est aujourd’hui toujours très ancré dans la culture espagnole et très populaire. Ses interprètes actuels reprennent le répertoire ancien mais le fusionnent également avec des expressions actuelles, comme la pop. Parmi les artistes plus récents, on peut citer Rocío Jurado, Isabel Pantoja, Miguel Poveda, Pasión Vega, Pilar Boyero et Concha Buika. La plus flamboyante d’entre eux est sans doute Martirio qui a élaboré un spectacle autour de ses interprétations, portant des robes extravagantes, des coiffes inspirées par les mantilles traditionnelles et des éventails, dans un esprit d’autodérision et de parodie. (ASDS)

Playlist - La copla : une expression de l'amour et des sentiments


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