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Giovanna Marini et Nuovo Canzoniere Italiano: le chant politique et le chant social


Giovanna Marini
Giovanna Marini est à l’origine, avec plusieurs autres auteurs, du concept de chant social, un répertoire qu’elle a à la fois recherché, retranscrit, documenté et interprété.

Le chant social se situe à la frontière entre la chanson populaire, le journalisme, la poésie et la chanson politique. Elle est une expression des changements sociaux radicaux qui ont accompagné l’urbanisation de l’Italie de l’après-guerre et l’exode rural qui a transformé les paysans en ouvriers et en prolétaires. La tradition rurale des cantastorie, compositeurs anonymes commentant des thèmes d’actualité, propageant idées et nouvelles sous forme de chansons, s’est alors vue transposée  en milieu urbain en une forme d’histoire orale chantée. Ce répertoire a inspiré les travaux du groupe turinois Cantacronache de Fausto Amodei et Michele Luciano Straniero, et ses héritiers le groupe milanais Nuovo Canzoniere Italiano. Ce groupe, qui outre Marini comprenait entre autres Roberto Leydi et Sandra Mantovani, poursuivra le travail entamé par Gianni Bosio, Diego Carpitella et Ernesto De Martino, et effectuera un important travail de collectage à travers le pays.


Ces recherches seront publiées dans la revue du groupe et servira de base à des spectacles associant chansons traditionnelles, chant de travail (des champs et rizières), chants de lutte politique et chants de la résistance. Un de ces spectacles, « La Bella Ciao », provoquera la controverse en 1964 pour son choix d’inclure la version intégrale de la chanson de la première guerre « O Gorizia, tu sei maledetta », qui dénonçait les officiers et la classe dirigeante qui avaient envoyé la jeunesse italienne à l’abattoir. Les auteurs furent poursuivis pour outrage aux forces armées. Les travaux et les prises de position du groupe les rapprocheront de nombreux artistes et intellectuels italiens de l’époque comme Pier Paolo Pasolini, Italo Calvino, Dario Fo ou Giulio Angioni.


Giovanna Marini se verra par la suite conférer une chaire en ethnomusicologie à Rome et à Paris. Elle poursuivra ses recherches, notamment sur les traditions musicales de la région de Salento, et se lancera avec son quatuor vocal dans l’écriture d’une série de cantates contemporaines, ainsi que dans l’adaptation de textes littéraires comme Ballata del carcere di Reading et  De Profundis d’après Oscar Wilde, Le ceneri di Gramsci d’après Pasolini, Cantata del secolo breve inspiré d’Eric Hobsbawm, une adaptation des Troyennes d’Euripide, ou encore Villarosa, musique du drame de Enzo Alaimo sur l’immigration italienne à Morlanwelz, en Belgique. (Benoit Deuxant)


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