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Le sauvetage des traditions


World Library of Folk and Primitive Music vol.16:Southern Italy and the Islands
L’après-guerre a vu une érosion progressive des traditions populaires, accélérée par l’exode rural des années 1960 qui a vu une immigration massive de main d’œuvre du Sud vers Milan et Turin. Le phénomène a encore été accentué par la radio et la télévision, qui a progressivement remplacé les musiques locales par les musiques anglo-saxonnes d’une part, et par la chanson pop italienne, telle qu’elle est représentée par le festival de Sanremo, d’autre part.

Pour beaucoup la musique folklorique s’est alors résumée à la chanson napolitaine.   C’est toutefois à cette époque qu’ont débutées les premières recherches sur le folklore musical italien, lancées par la RAI et l’Académie nationale de Sainte Cécile, sous la forme d’expéditions dirigées entre autres par Diego Carpitella, Ernesto De Martino, Sergio Liberovici ou encore Alan Lomax. C’est au cours de l’une d’elles, menée par Carpitella et De Martino à Salento, au sud des Pouilles, qu’a été notamment redécouvert le rituel de transe dont découlent les danses de la tarentella et de la pizzica. C’est également à cette époque qu’est né le folk revival des années 1960, une renaissance semblable à celle initié aux USA par Pete Seeger, et ici lancée par un groupe de chercheurs et d’interprètes comme Giovanna Marini, Ivan Della Mea, Fausto Amodei, Caterina Bueno, Sandra Mantovani. Ils sortiront de l’oubli diverses formes de chant populaire: l’ottava rima d’origine médiévale, les chants de travail (aux champs, dans les rizières puis dans les usines), des chants politiques (anarchistes, communistes, socialistes), des traditions de polyphonies. De ces travaux naîtra le célèbre spectacle La Bella Ciao présenté en 1964 au Festival Des Deux Mondes de Spoleto.   Depuis on assiste à un intérêt renouvelé pour les dialectes locaux et les instruments anciens tels que la zampogna (cornemuse présente sous de multiples formes et dénominations à travers le Sud), le piffero (sorte de hautbois populaire au Piémont, en Ligurie, en Lombardie), la lira (la lyre calabraise). Des artistes comme Fabrizio de Andre ou Franco Battiato ont de leur côté choisi de remettre à l’honneur le dialecte, ligure pour l’un, sicilien pour l’autre, dans leurs chansons. On voit en parallèle à cette résurgence une fusion des traditions avec le rock, le jazz, les musiques électroniques ou encore avec d’autres musiques traditionnelles, des Balkans, d’Afrique du Nord ou bien de France, d’Irlande, etc. (Benoit Deuxant)


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