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Sardaigne, une tradition à part


Tenores di Bitti (photo Sardegnabella via wikipedia)
Historiquement et culturellement distincte de l’Italie, la Sardaigne, aujourd’hui région autonome au statut spécial, possède plusieurs traditions musicales uniques. Les quatre principaux styles propres à l’île sont le Cantu a tenore, les launeddas, les gosos et le Cantu a chiterra (chant à guitare).

Le Cantu a tenore (souvent improprement traduit par chant à ténors), est une forme de chant polyphonique d’origine paysanne généralement chanté à quatre voix aux tessitures distinctes, et aux rôles bien définis. Il est caractérisé par l’usage fréquent de techniques de chant diphonique. Le soliste entame chaque morceau par une introduction monodique avant d’être rejoint par le reste de l’ensemble dont les vocalises imitent les sons de la nature (le vent, les arbres, les chèvres). La tradition de ces chants profanes remonterait aux premières heures de l’histoire sarde et a été classée comme patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l’Unesco en 2005. Plusieurs groupes jouissent d’une grande popularité, en Sardaigne comme à l’étranger, parmi lesquels les Tenores di Bitti et les Tenores de Oniferi.


Les launeddas sont des instruments à vent particuliers dont l’origine remonte au 8ème siècle avant notre ère. Il s’agit d’une clarinette polyphonique à triples tuyaux et à anche simple, provenant sans doute du Moyen-Orient. Elle se joue en continu, comme une cornemuse, et requiert du musicien la maîtrise de la technique du souffle circulaire afin de compenser l’absence de réservoir d’air. Les launeddas sont jouées lors de cérémonies religieuses ainsi qu’en accompagnement de danses traditionnelles, où elles interprètent à partir de quelques lignes mélodiques de longues suites de variations pouvant durer plus d’une heure. Les gozos (ou gosos) sont des chants liturgiques d’origine ibérique, chantés en langue sarde. Si la tradition vient de Catalogne, les mélodies présentent une forte influence byzantine. Souvent liés à la représentation de drames religieux et de mystères, ces hymnes ont été à de nombreuses reprises interdits par les occupants espagnols et plus tard les autorités religieuses italiennes, notamment à cause de l’usage de la langue sarde dans la liturgie.


Le cantu a chiterra, comme son nom l’indique, consiste en un répertoire de chansons accompagnées à la guitare. Il est fort probable que ces chansons aient été composées bien avant l’arrivée de l’instrument en Sardaigne, mais elles forment aujourd’hui un ensemble indissociable. Jadis réservées à un usage familial et privé, elles ont progressivement été présentées en public lors de concours de chant improvisé durant lesquels les participants s’affrontent autour d’un thème imposé. On peut entendre l’influence de ce répertoire dans la carrière de Maria Carta. La Sardaigne connait également aujourd’hui une scène très vivante de nouvelles musiques traditionnelles, influencée par l’importante scène jazz locale. Il faut ainsi mentionner l’organettiste Totore Chessa, la chanteuse Elena Ledda, le trompettiste Paolo Fresu ou encore les groupes Ritmia (avec Alberto Balia et Riccardo Tesi). (Benoit Deuxant)


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