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Chants urbains – une tradition populaire de ballades et des airs instrumentaux


Chonguri – une photo d’Anne-Sophie De Sutter (via Flickr)
A Tbilissi, la capitale, se sont développés des styles de chants urbains, inspirés par l’Orient et l’Occident. Ailleurs dans le pays, différents instruments sont encore joués aujourd’hui.

A côté du chant polyphonique profane et sacré, il existe un style urbain. Les villes, et en particulier Tbilissi, étaient bien plus ouvertes aux influences étrangères que les campagnes et de nombreux types de chants s’y sont croisés. La capitale d’aujourd’hui a toujours été au croisement des routes entre l’est et l’ouest, ainsi qu’entre le nord et le sud, et cette position stratégique a attiré de nombreux peuples et groupes ethniques. Il existe deux styles principaux, l’un oriental et l’autre occidental.


Jusqu’à la fin du 18e siècle, le pays a connu une forte influence arabo-turco-persane et s’est développé, comme dans une grande partie de l’Asie Centrale, un répertoire de chants de bardes, nommés en Géorgie ashoug (on parle d’ashik en Turquie ou de bakhshi du Turkménistan à l’Ouzbékistan). Ces morceaux sont marqués par des éléments orientaux, la mélodie est soutenue par un bourdon, et est accompagnée par le luth chonguri, ou d’autres instruments comme le tar ou le saz. Ces ashougs gagnaient leur vie en jouant lors des mariages et dans les chaikhanas, les maisons de thé. Un des grands artistes était Etim Gurdzhi (1865-1940), poète, compositeur et chanteur, l’un des derniers ashoug de Géorgie. Aujourd’hui, une nouvelle génération se penche sur ces musiques.


Après l’annexion de la Géorgie à l’Empire russe en 1801, les musiques européennes et russes pénètrent dans le pays, avec la construction notamment d’un opéra qui ouvre en 1851 à Tbilissi. Au fil des ans, le goût du public change et l’attrait pour les musiques occidentales (des opéras de Verdi aux romances russes) devient de plus en plus important, au détriment des traditions orientales. Souvent les mélodies traditionnelles des villages, en polyphonie, sont adaptées, transformées en intégrant ces nouveaux éléments venus d’Europe et de Russie. De nouvelles chansons sont également composées, aux harmonies occidentales et accompagnées à la guitare, comme « Suliko », une ballade triste d’amour perdu, et la chanson favorite de Staline.


Le Tsisperi Trio a toujours été très populaire dans ce style urbain mais il n’est plus très actif aujourd’hui. Léla Tataraïdze, le quatuor Kesane, l’Ensemble Soinari ou encore les Sœurs Gogochurebi ont pris le relais. Léla Tataraïdze interprète également des compositions inspirées de la tradition locale des montagnes de Touchétie, le plus souvent en solo et s’accompagnant au garmoni, l’accordéon géorgien, ou au pandouri, un luth traditionnel à trois cordes. Les vidéos tournées par Vincent Moon pour Petites Planètes à Tbilissi montrent de nombreux autres exemples.


Même s’il existe une grande variété d’instruments traditionnels en Géorgie, cette musique populaire est peu représentée dans les enregistrements édités en disques. Parmi les plus répandus, on peut citer la flûte de pan soinari, la flûte stviri, la cornemuse gudastviri, la harpe changi, les luths chonguri et panduri ainsi que nombreuses percussions. Le doudouk, l’instrument phare arménien, est également beaucoup joué en Géorgie, avec un répertoire local, dérivé à la base des styles orientaux et inspiré du chant polyphonique rural mais en partie occidentalisé. Il est en général joué en solo, et accompagné d’un second instrument qui fournit le bourdon, et d’un percussionniste qui est également le chanteur, jouant du tambour doli. Parfois, un accordéoniste les rejoint. (ASDS)


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