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Diversité régionale – de la Kakhétie à la Svanétie


Ushguli en Svanétie – une photo d’Anne-Sophie De Sutter (via flickr)
Les chants polyphoniques se retrouvent partout en Géorgie mais leur style diffère selon la région. La Svanétie se démarque par ses traditions anciennes et marquées par le paganisme.

Les chants polyphoniques sont de styles différents selon qu’on soit dans l’est, l’ouest ou les montagnes de Géorgie. Il y a une grande diversité au niveau de l’intonation, de la structure harmonique et de l’ornementation. Les musicologues reconnaissent principalement trois types de polyphonie.


Le style le plus riche et le plus sonore vient de Kakhétie et de Kartlie, à l’est du pays, dans une région connue pour son vin. Cette polyphonie est caractérisée par deux voix supérieures, en solo et richement ornées, qui s’entrelacent tandis que la troisième voix (ou le reste du groupe) chante un bourdon ou une basse qui évolue lentement. Il y a des dissonances, des tensions et des relâchements assez extraordinaires. L’exemple le plus connu de ce style est la chanson patriotique « Chakrulo », qui a été choisie pour représenter la Russie dans la sonde spatiale Voyager en 1977. Ce n’était pas le premier choix des Soviétiques qui avaient proposé une chanson en russe très pompeuse que les Américains ont refusée parce qu’elle était trop peu représentative d’une culture particulière.


A l’ouest, en Gourie et Mingrélie, la polyphonie est plus complexe et plus virtuose, mais aussi plus libre, et peut comporter jusqu’à quatre lignes vocales indépendantes. Les lignes de basses connaissent plus de mouvement et sont plus athlétiques tandis que les voix interprétant la mélodie improvisent beaucoup, tout en restant dans le cadre de règles assez strictes. Les dissonances sont encore plus extrêmes. Il existe notamment en Gourie un genre de yodel appelé krimanchuli, alternant voix de tête très aigüe et voix de poitrine qui se succèdent avec des bonds soudains, sur des motifs rythmiques assez étonnants. Ces chants très particuliers ont évidemment été repris par les chœurs professionnels de l’ère soviétique et d’aujourd’hui qui peuvent y démontrer tout leur talent vocal.


En Svanétie, au nord-ouest du pays, les traditions les plus anciennes ont survécu. Cette région montagneuse de la chaîne du Grand Caucase aux sommets de plus de 5000 mètres, coupée du monde par la neige sept ou huit mois par ans, a vécu en vase clos, à l’abri des invasions qui ont touché le reste de la Géorgie au fil des ans. Ce n’est que durant le régime soviétique que des routes ont été construites, améliorant l’accès à la région, et que l’électricité est arrivée. Les coutumes et rituels des Svanes ont des origines préchrétiennes et la religion orthodoxe locale est mâtinée de nombreuses croyances venant du paganisme. L’organisation sociale est encore clanique, et chaque groupe possède ses propres rituels, lieux sacrés et répertoire de chants. Hommes et femmes chantent séparément, ce qui correspond à la division du travail.


La musique a des côtés archaïques et sévères, avec des airs lents et mélancoliques. La polyphonie svane se caractérise par une grande complexité et diversité des formes, incluant également des formes de yodel. Les harmonies, angulaires et imprévisibles, sont en trois parties avec la voix du milieu qui mène. Si le groupe de chanteurs est plus important en nombre, la voix médiane et la voix supérieure peuvent être chantées à plusieurs, ce qui permet à tous les participants de prendre part à la mélodie. Ils ont un répertoire de chants rituels en honneur au soleil et à Saint Georges et ils sont également célèbres pour leurs danses en cercle très rythmées ainsi que leurs lamentations funéraires remplies d’émotions. Il existe également une harpe ancienne changi et une vièle chuniri qui accompagnent parfois les voix. (ASDS)


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