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Polyphonie sacrée : les chants liturgiques


Le Chœur Anchiskhati (via leur page facebook)
Si en Géorgie, les répertoires profane et religieux se mélangent, les chants liturgiques ont cependant quelques particularités propres, et une histoire très ancienne.

En Géorgie, les répertoires profane et religieux sont entremêlés et les chœurs interprètent sans distinction l’un ou l’autre. La religion chrétienne est présente depuis le 1er siècle et c’est la seconde église la plus ancienne au monde, après l’Arménie. C’est devenu une religion officielle au 4e siècle et pour encourager les gens à venir à l’office, la liturgie a été traduite en géorgien. Les chants ont probablement contribué à cette christianisation et l’enseignement des chants sacrés a pris une place importante dans la vie des églises et des monastères, exaltant la grandeur et la spiritualité de la parole sacrée tout en y ajoutant une certaine beauté. Si à l’origine, ces chants étaient inspirés de l’église byzantine et étaient monophoniques, ils se sont adaptés aux traditions locales de la polyphonie populaire (une date précise n’est pas connue). Au 9e siècle, ces chants sont progressivement notés et organisés en recueils.


Les hymnes anciens ont souffert des diverses invasions, tout particulièrement celles des Russes qui dès le début du 19e siècle ont tenté de les effacer. Cependant, entre 1880 et 1920, de nombreux chants issus des divers monastères, chacun ayant son propre style, ont été collectés et notés par différents chercheurs. Sous l’ère soviétique, la religion a de nouveau été poussée dans la clandestinité. Les églises ont été fermées, saccagées, transformées en entrepôts ou autres lieux profanes, et les chants liturgiques anciens ont été interdits. Certains ont cependant été cachés et ont survécu clandestinement. D’autres ont été réécrits par des musiciens de l’époque, sous une forme beaucoup plus simple, avec des mélodies basiques. Ils étaient interprétés dans le cadre de chœurs (mixtes) à l’occidentale, avec des harmonies très lissées.


Les chants anciens sont aujourd’hui ressuscités, retranscrits et à nouveau interprétés. Le Chœur Antchiskhati a fait de nombreuses recherches dans les archives et a tenté de déchiffrer au mieux les notations datant de la fin du 19e siècle et a réécouté les enregistrements du début du 20e siècle, ouvrant de nouvelles perspectives pour d’autres groupes qui ont à leur tour réappris ces chants. Ils ont ainsi remarqué que les chœurs n’étaient pas gigantesques mais juste composés de quelques hommes, avec deux solistes interprétant les voix moyenne et aigue, et quelques autres chanteurs interprétant la basse, créant ainsi les trois parties traditionnelles.


Le chant religieux est toujours a cappella, sans accompagnement instrumental. Il est une prière et une célébration de la gloire de Dieu et est au service du texte. L’interprétation reste donc sobre et sans effets artistiques ou sentimentaux. Des groupes comme le Chœur Antchiskhati et le Chœur Basiani sont reconnus pour leur interprétation du chant liturgique, même si leur répertoire est également profane. (ASDS)


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