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Sons contemporains: électronique, rap, fusion


Gaye Su Akyol (Photo de Mário Pires, via Flickr)
La scène contemporaine turque est très diverse et est constituée de pop internationale, de musiques électroniques, de rap et d'autres fusions actuelles. Hors des frontières existe également une scène immigrée assez importante, notamment en Allemagne.

Istanbul reste la ville des contrastes, le carrefour entre l'Orient et l'Occident. Le documentaire Crossing the Bridge tourné en 2005 par Fatih Akin, cinéaste germano-turc, en est le témoin. Il filme la musique urbaine de Ceza, rappeur, et du groupe Replikas mais aussi les chansons pop de Sezen Aksu. Le joueur de ney Mercan Dede mélange les sonorités de son instrument, beaucoup joué dans les musiques soufies, à de l'électronique, créant de nouveaux paysages sonores. Quant à Baba Zula, c'est un des groupes les plus intéressants. Il est l'expression moderne de l'anatolian pop, utilisant saz électrifié et électronique pour créer une musique entre traditions et modernité, très dansante et addictive.


L’Europe a depuis découvert l’Anadolu Rock grâce à une série de compilations et de rééditions des classiques du genre, d’Erkin Koray à Selda, et le style s’est immiscé dans les playlist des dj-sets et des radios. L’impulsion est venue à la fois des collectionneurs et des jeunes turcs immigrés intéressés par cette période. Elle a également déclenché des vocations et une volonté de reprendre cette musique là où elle s’était arrêtée. Ainsi au Pays-Bas le bassiste Jasper Verhulst découvre le rock psychédélique turc en 2016 et décide de monter un groupe constitué de musiciens hollandais auxquels sont venus s’ajouter la chanteuse et claviériste turque Merve Daşdemir et Erdinç Ecevit Yıldız, chanteur et joueur de saz, recrutés par petites annonces. Dès leur premier album (sorti en 2017 chez Bongo Joe), la formation baptisée Altin Gun (« l’âge d’or ») devient une habituée des scènes de festival et a ensuite produit quatre albums successifs, enrichissant chaque fois le répertoire rétro d’origine par des emprunts plus variés (électro, disco, etc) et des compositions originales.


C’est à cheval sur l’Allemagne, la France et l’Angleterre que se forme le Grup Şimşek, qui accompagne la chanteuse Derya Yıldırım. Née à Hambourg et vivant aujourd’hui à Berlin, elle s’inspire elle-aussi de l’âge d’or du psychédélisme turc mais aussi de la musique traditionnelle anatolienne, ainsi que de poètes comme Nâzım Hikmet Ran par exemple. De son côté le groupe Dirtmusic, lui aussi profondément international et nomade, s’est également intéressé au répertoire turc. Fondé par Chris Eckman (ex-Walkabouts et gérant du label Glitterbeat) et l'australien Hugo Race (ex-leader de The Race, et ex-membre des Bad Seeds de Nick cave), avec Chris Brokaw (de Codeine) à la batterie, le trio a réalisé plusieurs albums au Mali, collaborant avec les musiciens locaux, dont le groupe Tamikrest. Pour leur cinquième album, ils se sont rendus à Istanbul pour y enregistrer avec Murat Ertel, le leader de Baba Zula. Celui-ci y apporte sa voix, son saz et sa connaissance de la musique turque.


La musique underground reste très active sur place, en Turquie, même si entretemps le gouvernement conservateur et autoritaire du président Recep Tayyip Erdoğan a mis à mal la vie culturelle et musicale du pays. Censure, couvre-feu et interdiction de la vente d’alcool ont réduit considérablement la vie nocturne des clubs et des salles de concert. Mais une nouvelle scène est bien décidée à s’imposer parmi laquelle se distingue la chanteuse Gaye Su Akyol. Personnage haut en couleurs, aux textes engagés pour la démocratie, les droits des femmes et de la communauté LGBT, elle associe le rock psychédélique anatolien à des guitares surf et des influences citant pêle-mêle Nirvana, Selda ou Morphine. En quatre albums depuis ses débuts en 2014, elle a imposé une vision éminemment personnelle et originale, à la fois rétro, exotique et profondément ancrée dans la vie contemporaine du pays.


Les musiciens du groupe Bubituzak, qui l’accompagnent, ont eux aussi une carrière intéressante. On trouve parmi eux Ali Güçlü Şimşek, qui a monté avec Barlas Tan Özemek (de la formation de free jazz Konstrukt) et le DJ/producteur Kaan Duzarat, le groupe Lalalar, déjà responsable de deux disques sur le label Bongo Joe et qui revisite lui aussi le rock anatolien auquel il donne une couleur électronique et new wave étonnante. (ASDS/BD)


 


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