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Mandé-zouk et world music, Sekouba Bambino et Mory Kanté..


Mory Kante (via youtube)
La Guinée des années 1980 va être marquée par la fin du régime de Sékou Touré et par deux révolutions technologiques: la cassette et le synthétiseur. En sortiront deux genres différents, le mandé-zouk sur place et la world music de Mory Kanté à l’étranger.

Après la mort de Sékou Touré en 1984 et la fin de sa politique d’« Authenticité», les artistes se retrouvent livrés à eux-mêmes dans un marché touché par la crise économique. La plupart des grands orchestres historiques sont démantelés, à part des ensembles de prestige comme les Ballets Nationaux, et les musiciens qui poursuivent une carrière montent des formations plus petites, moins coûteuses. Selon l’idéologie libérale de l’époque, ces groupes sont constitués autour de vedettes, suivant le modèle pop occidental. Une nouvelle génération mais aussi et surtout beaucoup d’anciens vont se lancer dans la course.


La technologie et ses progrès vont avoir des répercussions sur la nouvelle musique du pays. Les synthétiseurs vont remplacer les sections de cuivres et les boites à rythme les sections de percussions, permettant un même volume sonore avec des effectifs réduits. De même la cassette va devenir le support de choix, remplaçant le disque vinyle, trop difficile et trop cher à produire et ne touchant qu’un public limité. 


Le nouveau marché va se choisir une musique dernier cri, créée presque par hasard, lorsqu’à la suite d’une tournée du groupe antillais Kassav’, les musiciens guinéens vont se lancer à corps perdu dans un nouveau style, le mandé-zouk, associant les rythmiques locales à celles du zouk. Fodé Baro sera le chef de file de cette mouvance, tandis que les chanteurs et chanteuses des groupes historiques, comme Kerfala Kanté, Mory Djeli Deen Kouyaté, Kadé Diawara, et Mama Kanté, feront leur retour. Ce sera également le cas de Sona et Mama Diabaté ainsi que d’Oumou Diabaté. Les femmes prennent cette fois plus de place qu’avant.


Mais la star qui émerge à cette époque est sans conteste Sekouba Bambino Diabaté. Ancien du Bembeya Jazz, qu’il avait rejoint à la demande expresse du président Sékou Touré, il se lance en solo au début des années 1990, avec le soutien du producteur Ibrahima Sylla, du label Syllart. Il sort alors disque sur disque et enchaine les succès, diversifiant son répertoire avec le groupe international de salsa Africando ou le projet Mandekalou avec le musicien malien Kassemadi Diabaté, consacré aux chants des griots mandingues. Sa carrière se poursuit après les années 2000, avec de plus en plus de reconnaissance à l’étranger, notamment après son album Sinikan de 2002, produit par François Bréant, arrangeur pour Bernard Lavilliers ou Salif Keita.


Mais avant lui, le visage de la musique guinéenne en Occident sera celui de Mory Kanté. Parti du pays en 1980 pour trouver de meilleures conditions pour développer sa carrière, le chanteur et joueur de kora et de balafon s’installe d’abord à Abidjan en Côte d’Ivoire, alors capitale du marché de la cassette, puis à Paris en 1984. Élevé depuis l’enfance dans les traditions des griots, il a alors déjà une belle carrière, en solo en Guinée ou avec le Rail Band de Bamako au Mali, où il joue aux côtés de Salif Keita, mais est complètement inconnu en dehors de l’Afrique. Lorsqu’il entame la nouvelle étape de sa carrière, en Europe, le moment est bien choisi ; la world music vient de naître et avec elle, un intérêt des publics occidentaux pour la fusion des sons modernes et des musiques traditionnelles du monde entier. Après quelques mois difficiles, le choix de Mory Kanté est récompensé par le succès de son premier album, Mory Kanté, et du suivant, Ten Cola Nuts, en 1986. Mais c’est le suivant, Akwaba Beach, qui fera de lui une star mondiale grâce au tube « Yéké yéké », vendu à des millions d’exemplaires. S’il ne rééditera jamais cet exploit, il va toutefois poursuivre une belle carrière, cherchant parfois à se débarrasser de sa réputation de « griot électrique » pour se rapprocher de la tradition, mais assumant parfois son rôle pour intégrer la techno dans sa musique. (BD)


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