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La musique de la Libye – Chansons des villes et chansons du désert


Le groupe Tinariwen (via Youtube)
La musique libyenne se répartit en deux grands courants, celle des villes, influencée par le monde arabe, et celle du désert, issues des traditions touarègues.

Bien qu’elle possède des rythmes et des modes traditionnels, propres au pays, la musique libyenne est très profondément influencée par celle de ses voisins. Elle a adopté au cours du temps les différents styles de la musique arabe classique, de la musique arabo-andalouse puis de la musique égyptienne. Son apprentissage a été soutenu par les diverses confréries soufies de la capitale, permettant l’émergence d’une tradition citadine sophistiquée, en concurrence avec l’influence ottomane, d’une part, et égyptienne d’autre part. Le chant tripolitain s’est ainsi développé au tournant du 20e siècle, synthétisant les apports du Levant et d’Espagne, avec progressivement des apports des styles modernes de l’époque. 


Le coup d’état de 1969, et la dictature de Mouammar Khadafi a fortement réduit l’horizon de la musique libyenne. Outre le contrôle et la censure imposés par le régime, elle a été soumise à une arabisation forcée qui la privait de ses éléments berbères, la langue tamazight et les dialectes touaregs étant interdits. L’influence occidentale et l’enseignement des langues européennes ont également été bannis, et la vie culturelle soigneusement cadenassée. Seuls quelques artistes ont pu continuer à travailler, généralement des chantres du régime comme Mohamed Hassan, surnommé « le musicien de cour de Khadafi ». D’autres sont restés « neutres » comme Nasser El Mizdawi, et certains, comme Ahmed Fakroun, ont fait l’essentiel de leur carrière à l’étranger, en France, en Italie ou en Angleterre. Une veine étonnante de reggae libyen, aujourd’hui redécouverte par le label berlinois Habibi Funk, a également eu un certain succès, et a été probablement tolérée pour son aspect anticolonial et panafricain. Ibrahim Hesnawi en est un des pionniers.


La musique populaire, la musique arabe moderne et la pop hybride, ont fait leur retour après le printemps libyen de 2011. De nouveaux noms sont alors apparus, ou ont fait leur retour comme Hamid Al Shaeri, Cheb Jilani, Ahmed Ben Ali , Ayman Alatar, Fuad Gritli ou encore la chanteuse berbère Dania Ben Sassi.


Dans le sud et dans la région de Ghadames, c’est la musique des Touaregs qui domine. À l’origine, la musique des nomades berbères était principalement interprétée par les femmes, qui chantaient en s’accompagnant de percussions, de battements de mains et d’un violon monocorde appelé anzad. Sous l’influence arabe, d’autres instruments se sont rajoutés comme l’oud, la flute et la cornemuse zokra. Des traits typiquement subsahariens comme le chant en répons sont également présents, mêlés à des éléments nord-africains comme les youyous.


Le style tischoumaren, appelé chez nous « blues du désert », répandu à travers le Sahara, est également très présent dans la région. Un article sera consacré ultérieurement dans Mondorama à ce style qui dépasse les frontières nationales, mais le cas de la Lybie est particulier. Durant son règne au pouvoir, le colonel Khadafi avait ordonné l’enrôlement des jeunes Touaregs nomades présents dans le pays dans des bataillons sahariens, de langue tamasheq, afin d’être déployés au Tchad ou au Niger. Pour certains de ces jeunes, ce sera un premier contact avec le panafricanisme, les idées révolutionnaires, mais aussi la musique pop. Une grande partie des musiciens de Tinariwen sont passé par cet entrainement militaire avant la formation du groupe. Anana Harouna, du groupe belgo-nigérien Kel Assouf, a également vécu en Libye durant cette période. Cette forme de « blues du désert », ou de « rock du Sahara » allie les rythmes africains et les guitares électriques, et est souvent caractérisée par une nostalgie des traditions et du mode de vie des Touaregs du Sahara. (BD)


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