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Chants et musiques du nord : les Aïnous


Oki Dub Ainu Band au Womad d’Adélaïde en 2017, une photo de Michael Coghlan (en creative commons via flickr)
Habitant au nord de l’archipel japonais, les Aïnous possèdent une culture propre qui a été revitalisée dans les dernières décennies, tout particulièrement par Oki et sa cithare tonkori.

Le Japon, contrairement aux apparences, ne possède pas une population homogène. A l’extrême sud, dans l’archipel des Ryukyu, et dans le nord, à Hokkaido, habitent des peuples qui ont leurs propres histoires et particularités. Les origines géographiques des Aïnous ne sont pas très claires. Ils sont arrivés au nord de l’archipel avant les ancêtres de la majorité des Japonais, venant depuis l’Extrême-Orient russe. Ils ont peuplé le sud de la péninsule du Kamtchatka, les îles Kouriles, l’île de Sakhaline et Hokkaido. Ils ont été en grande partie assimilés aux Japonais et il a fallu attendre 1997 pour qu’ils soient enfin reconnus comme peuple autochtone et minorité ethnique. Ils seraient entre 25.000 (selon les chiffres officiels) et 200.000 (une estimation non-officielle) mais il est difficile de connaître leur nombre exact car beaucoup ont caché leurs origines dans le passé et encore aujourd’hui par crainte de racisme et discrimination.


Leur culture était transmise oralement et a été préservée dans quelques musées et villages culturels sur l’île d’Hokkaido, mais depuis les années 1990, elle connaît un renouveau grâce au travail d’artistes et artisans. Le chant prend une place importante dans leurs traditions ; il est présent lors des événements de la vie quotidienne comme les mariages ou les cérémonies pour marquer la fin de la construction d’une maison. Il est également utilisé pour accompagner le travail et il existe un répertoire de chants épiques. Il intervient enfin dans l’exercice des rituels et de la religion fondée sur l’animisme et le chamanisme. Ces chants se rattachent à la tradition sibérienne : le chamane communique avec le monde des esprits, en transe, en utilisant les sons de sa gorge ou des sifflements tout en frappant sur un tambour.


L’upopo, un chant assis, est interprété lors de fêtes et cérémonies, notamment celles qui célèbrent le meurtre rituel de l’ours. C’est un chant polyphonique, interprété par des femmes qui scandent le rythme en tapant des mains le couvercle du coffre autour duquel elles sont assises. Au fil du temps, le morceau devient de plus en plus chaotique. Le yukar désigne les chants épiques, une longue narration décrivant les aventures du héros local Ponyaunpe. Il est traditionnellement chanté par les anciens qui marquent le rythme en frappant légèrement sur les bords du foyer mais il est aujourd’hui interprété par des femmes et hommes plus jeunes.


Les instruments traditionnels sont peu nombreux : on peut citer la harpe buccale mukkuri, faite de bambou et de ficelle, et la cithare tonkori. Le corps de ce dernier est constitué d’une unique et étroite pièce de bois (souvent de l’épicéa de Sakhaline) longue d’un mètre vingt environ sur laquelle sont placées cinq cordes (ce nombre peut varier) qui sont pincées par le musicien.


C’est Oki Kano qui l’a remis au goût du jour en sortant divers albums, soit traditionnels, soit contemporains. Il a notamment travaillé avec le saxophoniste jazz Kazutoki Umezu sur son premier disque puis a fondé le Dub Ainu Band, mêlant les sonorités du tonkori à du dub. Il a aussi sorti des albums traditionnels, par exemple avec Umeko Ando, et a recherché les liens avec la culture sibérienne de l’île de Sakhaline. Aujourd’hui, la scène musicale est plus vivante que jamais alors que de nombreux jeunes Aïnous renouent avec leurs traditions. (ASDS)


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