Mondorama

menu

Ching dong - tapage publicitaire et fête de rue


Chindonya Okubo, Tokyo
Genre urbain populaire à classer quelque part entre la fanfare et la musique de cirque, le ching dong ou chindon'ya est une tradition née au milieu du 19e siècle à Osaka. Il consistait en de petites formations, mêlant musique et danse, défilant en parade dans les rues pour faire la publicité d'évènements et d'établissement commerciaux.

Créées à la fin de l'ère Edo comme une forme parodique des marches militaires, dans le style de la danse jinta et des animations de rue très courantes à l'époque, elles comportaient entre trois et sept personnes et se composaient principalement de danseurs, de cuivres, d'un banjo et de percussionnistes, dont les cymbales tonitruantes ont donné par onomatopée le nom du genre: « ching dong ». Le premier chindon'ya connu se résumait à l'origine en une seule personne, un marchand de bonbons ambulant d'Osaka, qui haranguait la clientèle en chantant et en actionnant divers instruments bruyants. Par la suite, sa forte voix et sa présence imposante l’ont fait engager par plusieurs établissements commerciaux pour promotionner des offres spéciales, des inaugurations, de nouveaux produits. L'idée a été réutilisée par d'autres colporteurs et par des musiciens professionnels, à Osaka d'abord, puis à Tokyo et ensuite dans le reste du pays, lançant une surenchère dans le volume sonore, le nombre des participants et l'excentricité des costumes.


Marchant en file indienne à travers les rues, les orchestres, qui comprenaient souvent une majorité de femmes, mettaient avant tout l'accent sur le côté tapageur de la parade, et sur l'effet de surprise, afin d'attirer l'attention du chaland sur leur message promotionnel. L'histoire de ces chindon'ya (parfois également appelés tozâya) a suivi l'évolution moderne de la publicité, et son usage par les firmes industrielles et les grandes entreprises commerciales. Elle connait son âge d'or à la fin de la Seconde Guerre mondiale mais peine par la suite à survivre à la concurrence de la radio, du cinéma puis de la télévision. Des 2500 formations qui existaient autour de 1946, il ne reste qu'une petite centaine au début des années 1980, et l'interdiction des performances de rue qui entre en application à cette époque met un terme au genre.


Le style connait toutefois une renaissance dans les années 1990 avec des groupes qui s'inspirent de la tradition du chindon'ya, détachée de sa composante commerciale, dans un contexte festif, musical, souvent carnavalesque, parfois engagé et social.


Soul Flower Mononoke Summit est ainsi un projet parallèle du groupe de rock japonais Soul Flower Union, ensemble folk-rock actif depuis 1993. Dans sa version Mononoke Summit, réactivée de loin en loin, le temps d'un album ou d'une tournée, le groupe rend hommage aux traditions musicales les plus populaires (au sens « issu du peuple ») du Japon. Leur musique fusionne le folk et le ching dong, ainsi que d'autres traditions comme la musique d'Okinawa, celle des Aïnous ou la musique populaire coréenne. D'autres comme le groupe Cicala Mvta de Tokyo s'inspirent eux, outre du ching dong, du jazz de la Nouvelle-Orléans, de la musique klezmer et du punk. Quelques membres de la formation ont également monté Jinta-La-Mvta en associant à leur répertoire des chansons d'Amérique latine, notamment du Chili. La formation Chindon Tsushinsha de Kojiro Hayashi, même si elle a diversifié ses activités pour inclure des spectacles, des performances théâtrales et des shows à l'étranger, poursuit encore à la demande des commerçants d'Osaka la fonction première du chindon'ya pour des occasions particulières. (BD)


À PointCulture

Nous utilisons des cookies pour améliorer l’expérience utilisateur et analyser le trafic sur notre site web. En cliquant sur “Accepter tous les cookies“, vous consentez à l’utilisation de cookies sur notre site web.