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Le gagaku – la musique élégante


Orchestre de gagaku (via youtube)
Musique lente et majestueuse, le gagaku, littéralement « musique élégante », est une forme cérémoniale ancienne, issue des contacts du Japon avec la Chine et sa musique de cour. Il est devenu en 701 le répertoire de la cour impériale.

Les contacts du Japon avec le continent, par l’entremise des délégations diplomatiques envoyées en Chine auprès de la dynastie Sui, ont apporté au pays une religion, le bouddhisme, des instruments comme le koto et le biwa, et une musique, le gagaku. Le terme de gagaku, dont les caractères se prononcent ya yué en chinois, et a-ak en coréen, désigne à l’origine une musique cérémoniale, d’inspiration confucéenne. La forme a évolué au Japon en se détachant progressivement de ses modèles d’origine, appelés tôgaku (musique chinoise de la dynastie Tang), komagaku (musique coréenne du royaume Goguryeo), tenjikugaku (d’origine indienne) et rinyûgaku (d’origine vietnamienne). 


Le genre s’est installé à la cour avec l’établissement en 701 de la première académie de musique impériale Gagakuryô et a pris sa forme actuelle durant la période Heian entre le 8e et le 12e siècle. Les références au confucianisme ont été écartées et le gagaku s’est associé au culte shintoïste et bouddhiste, avant de devenir majoritairement profane, même s’il était quelquefois joué lors de cérémonies religieuses, et parfois associé au shômyô. Aujourd’hui, il se divise en un style rituel, shintoïste, le mikagura, et trois styles profanes : la musique instrumentale kangen, la musique de danse bugaku, et le chant utaimono, où l’orchestre accompagne des textes de poésie chinoise ou japonaise.


Un orchestre de gagaku est généralement composé de seize musiciens aux rôles bien déterminés : trois flûtes ryûteki ou komabue, trois hautbois hichikiri, trois orgues à bouche shô, deux luths biwa, deux kotos (ou gakusô) à treize cordes, un gong shôko, un grand tambour taiko et un tambour à baguettes kakko. Les musiciens jouent, assis sur une estrade, un programme enchaînant plusieurs styles. La musique est lente et majestueuse, de par son ancienne fonction cérémoniale mais aussi pour figurer le rythme ample de l’univers et l’écoulement du temps. Un même thème se développe tout au long du morceau, et est répété chaque fois de manière légèrement différente. 


Tombé en désuétude au fil du temps, le gagaku a toutefois été conservé auprès des orchestres de la maison impériale, et a connu un renouveau après la Seconde Guerre mondiale. Des tournées nationales et internationales en ont fait redécouvrir les principes et le répertoire. Cette nouvelle visibilité du genre, qui est aujourd’hui une des formes musicales les plus anciennes au monde, a eu une grande influence sur des compositeurs japonais comme Tōru Takemitsu, Akira Tamba ou encore Toshirō Mayuzumi, mais aussi des compositeurs occidentaux comme Benjamin Britten, Henry Cowell ou Olivier Messiaen. (BD)


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