Mondorama

menu

Le koto, mélancolie et romantisme


Dame jouant du koto, 1878 par Settei Hasegawa
Autrefois joué exclusivement dans la musique de cour, le koto est progressivement devenu un instrument domestique, utilisé en solo ou dans de petits ensembles. Apprécié pour ses sonorités lyriques et son image romantique, il a également été adopté par les compositeurs d’avant-garde.

L'ancêtre du koto est le guzheng chinois, qui a été introduit au Japon à partir du 6e siècle. La première version connue comportait cinq cordes, qui sont ensuite passées à sept, puis treize. Le koto japonais appartient à la famille des cithares asiatiques, qui comprend également le zheng chinois, le gayageum coréen et le đàn tranh vietnamien. Le terme japonais de koto désignait à l’origine tous les instruments à cordes. Avec leur diversification progressive, le mot n’a plus suffi et d’autres ont été ajoutés comme le wagon (anciennement yamagoto, à six cordes) ou le kin, et le mot koto n’a plus servi que pour parler de l’instrument que nous connaissons aujourd’hui.


Autrefois utilisé principalement dans la musique de cour japonaise, et notamment dans les orchestres de gagaku, l’instrument est progressivement devenu populaire auprès des classes aisées. Un peu à la manière du piano en Occident, il a été adopté comme instrument domestique, apprécié pour son côté romantique et mystérieux. Il a alors pu être joué par les femmes, auxquelles il était auparavant interdit. 


Le koto se présente comme une cithare couchée, mesurant environ 180 centimètres de long, et est fabriqué en bois de paulownia. Le type de koto le plus courant comporte treize cordes tendues sur des chevalets mobiles utilisés pour l'accordage. Il existe aussi des kotos à dix-sept cordes jouant le rôle de basse dans les ensembles. Les deux principales variétés encore utilisées aujourd'hui sont le gakuso (le koto ancien du gagaku) et le zokuso, créé au 17e siècle. Ces deux variétés sont restées relativement inchangées, à l'exception d'innovations matérielles, comme l’usage du plastique pour les chevalets. Le tagenso, fabriqué avec 17, 21 et 31 cordes, est la plus récente addition à la famille des kotos, et a été créé au 19e siècle afin d'étendre la portée de l'instrument et d'améliorer le style de jeu.  


Le père du koto moderne est Yatsuhashi Kengyo (1614-1685), un musicien aveugle de Kyoto qui a considérablement élargi le répertoire traditionnel du koto et modifié les anciennes méthodes d'accordage, issues du gagaku, pour créer un tout nouveau style qu'il a appelé kumi uta. Michio Miyagi (1894-1956), autre compositeur aveugle, est considéré comme le premier compositeur japonais à avoir combiné la musique traditionnelle du koto, et la musique occidentale introduite au Japon au cours de la période Meiji. Miyagi est souvent considéré comme le responsable de la survie du koto à une époque où les arts traditionnels japonais étaient menacés par l'occidentalisation. Il a écrit plus de 300 nouvelles œuvres pour l’instrument avant de mourir dans un accident de train à l'âge de 62 ans. Sa pièce pour koto et shakuhachi, « Haru no Umi » (« Mer de printemps »), a été transcrite pour de nombreux autres instruments. 


Par la suite, de nombreux compositeurs comme Kimio Eto (1924-2012) et Tadao Sawai (1937-1997) ont écrit des œuvres qui continuent à faire évoluer l'instrument. Kazue Sawai, veuve du compositeur et disciple de Miyagi, a été la principale interprète du koto moderne. En tant que soliste ou avec son ensemble de kotos, elle a joué et travaillé avec de nombreux compositeurs japonais ou occidentaux comme John Cage, Toshi Ichiyanagi, Yūji Takahashi, Sofia Goubaïdoulina, David Behrman ou encore Carl Stone. (BD)


À PointCulture

Nous utilisons des cookies pour améliorer l’expérience utilisateur et analyser le trafic sur notre site web. En cliquant sur “Accepter tous les cookies“, vous consentez à l’utilisation de cookies sur notre site web.