Mondorama

Loin de la misère de l’après-guerre, et des mouvements de contestation des années 1960, le succès économique va voir la population embrasser un nouveau mode de vie, consumériste et hédoniste, bien différent de celui des générations précédentes. La musique de fond de cette époque sera la city pop, un style sophistiqué et complexe, mais toutefois accessible et immédiat. Inspiré par la technopop mais aussi et surtout par la soul, le funk, le AOR et le jazz fusion, le genre va développer une esthétique lorgnant vers une sorte d’utopie californienne transposée sur les rives japonaises du Pacifique : métropoles futuristes et éclairages au néon, plages tropicales et voitures décapotables. L’emballage sera résolument pop art et référentiel, et la musique ambitieuse, avec une forme de foi optimiste dans l’avenir. Ce dernier trait explique sans doute l’intérêt actuel pour la city pop, sur un principe semblable à la vague anglaise de l’hauntology des années 2000, et sa nostalgie d’un passé imaginaire.

Le genre a disparu en 1990, presque du jour au lendemain, avec l’éclatement de la bulle japonaise, et l’effondrement de son économie, qui a plongé le pays dans une crise de longue durée jusqu’à la fin des années 2010. Le temps n’était plus à la fête, et il faudra attendre les années 2020 pour que le genre soit déterré par les collectionneurs et que ses artistes soient remis en avant. On peut ainsi aujourd’hui redécouvrir ses principaux représentants : Minako Yoshida, Takao Kisugi, Jun Fukamachi, Yoninbayashi, Junko Ohashi, Shigeru Suzuki, Izumi Kobayashi, Mariya Takeuchi ainsi que des précurseurs comme Tatsurō Yamashita (ex-membre du groupe Sugar Babe), Haruomi Hosono ou encore Eiichi Ohtaki (ex-Happy end). Si elle a perdu sa place prédominante après 1990, la city pop est resté le style musical le plus représenté dans les anime (les anison, ou anime songu) et connait aujourd’hui un revival avec BAE, Night Tempo ou le dj Macross 82-99. (BD)