Mondorama

menu

Les années 2020 : Néo-géo et le nouvel orientalisme japonais


Illustration de la pochette de l'album Kofu, de Meitei
Les artistes japonais ont très souvent puisé leur inspiration à la fois dans le monde occidental et dans l’histoire récente de leur pays. Quelques musiciens récents s’intéressent aujourd’hui à la musique traditionnelle qu’ils incorporent dans leurs compositions ou qu’ils utilisent comme base pour un nouveau genre hybride.

Les artistes de la vague technopop comme le YMO, mais aussi comme Ippu-do ou Interior, ont souvent évoqué la musique du Japon et de l’Asie, mais de loin, en filigrane. L’album Neo-Geo de Ryuichi Sakamoto en solo en 1987, mettra plus directement l’accent sur la musique traditionnelle avec le concept de nouvelle géographie qui donne son titre au disque. Il y développe une vision du monde et de sa musique, dans laquelle, comme il le dit : « Bali est à côté de New York, et est beaucoup plus grande que ce qu’elle est, le Japon également ». Il intègre à cette époque des chansons d’Okinawa dans son répertoire, comme « Chin Nuku Juushii », « Chinsagu No Hana » ou « Asadoya yunta » (déjà interprété par Haruomi Hosono sur son album Paraiso en 1978, sur lequel joue Sakamoto).


Le musicien Kojun (originaire d’Okinawa) avait une démarche similaire dans les années 1990, mêlant la technopop à des références japonaises et pan-asiatiques, créant à base de couches de synthétiseurs des évocations de différentes traditions musicales des îles Ryukyu et de ses environs. Des artistes comme Isao Tomita, Takahiro Kaneko ou encore Henry Kawahara ont également adopté, au premier ou au second degré, une forme d’orientalisme ou de « japonisme » dans leur musique.


Plus récemment, quelques artistes remettent la musique japonaise au centre de leurs préoccupations. Meitei (de son vrai nom Daisuke Fujita) a ainsi réalisé une série de disques qui samplent, déconstruisent, reproduisent des morceaux traditionnels et des fragments de films japonais. Il dit chercher à construire une « ambiance japonaise » exprimant tous les aspects de la culture du pays, et s’inspire autant de la peinture classique et de la littérature que de la musique du passé. Nostalgique et futuriste à la fois, ses albums mêlent électronique, synthétiseurs modulaires et samples d’instruments traditionnels et de voix. 


Omodaka (le projet du tokyoïte Soichi Terada) mélange des productions électroniques influencées par la jungle, la house, la musique chiptune des jeux vidéo à des vocaux tirés de chansons de minyo ou d’enka (notamment la voix de la chanteuse Akiko Kanazawa). Ce mixage rétro-futuriste concilie les rythmes et les mélodies joyeuses des premiers avec la mélancolie nostalgique des seconds. Le musicien Kaisai, de Kyoto, a une démarche similaire et déplace lui-aussi le minyo vers le footwork et le chiptune. 


Le musicien 99Letters (Takahiro Kinoshita, d’Osaka) de son côté s’intéresse aux sonorités des instruments classiques japonais et a développé le concept de gagaku techno. Le travail sur ces sources sonores donne à sa musique une touche organique, et une référence culturelle, qui détourne le cadre de la musique électronique et l’inscrit dans un entre-deux, un espace intermédiaire entre local et global. 


Le travail de ces quatre jeunes artistes est symptomatique d’une génération d’artistes pour qui la relation des musiciens avec la culture japonaise, et celle entre la tradition locale et la culture occidentale, restent des questions ouvertes. (BD)


 

Playlist - playlist


À PointCulture

Nous utilisons des cookies pour améliorer l’expérience utilisateur et analyser le trafic sur notre site web. En cliquant sur “Accepter tous les cookies“, vous consentez à l’utilisation de cookies sur notre site web.