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Musiques de théâtre : nô, kabuki et bunraku


Le shite dans le rôle d'une divinité féminine et son waki dans une pièce de nō (via wikipédia)
Il existe au Japon trois formes de théâtre classique, possédant chacune leur musique. Plus qu’un simple accompagnement de l’action, ces passages chantés ou instrumentaux font partie intégrante de la représentation. Bien qu’ayant des origines plus anciennes, c’est durant la période Edo (de 1600 à 1868) que les trois genres traditionnels, le bunraku, le kabuki et le nô, se sont développés.

Le bunraku est le nom donné au théâtre de marionnettes japonais, en hommage à un de ses plus importants créateurs : Uemura Bunrakuken (1737 – 1810). Le terme originel, ningyo foruri (littéralement « marionnettes » et « narration vocale accompagnée de shamisen ») souligne bien l’importance de la musique dans le développement du genre. La particularité du bunraku est le choix qui a été fait de ne pas dissimuler les manipulateurs des poupées mais bien de les montrer sur scène, masqués et vêtus de noir, tout en laissant au spectateur la possibilité de les oublier dès que les marionnettes prennent vie.


L’action de la pièce est expliquée par un chanteur-narrateur (parfois par plusieurs) qui décrit les situations, les lieux et interprète le texte des personnages. Il est accompagné par un ou plusieurs joueurs de shamisen et le dialogue entre les cordes et la voix dynamise la performance, atteignant une certaine intensité dramatique dans les moments forts, qui sont souvent chantés avec passion.


Le kabuki est un mélange de théâtre, de danse et de chant. Son nom désigne à l’origine une personne à l’apparence ou au comportement inhabituel. Son histoire remonte au 16e siècle et prend source dans les traditions populaires du drame dansé bouddhiste. Il était à cette époque uniquement interprété par les femmes mais leur présence sur scène a par la suite été interdite. Elles ont alors été remplacées par de jeunes garçons qui ont eux-aussi été interdits pour des questions de mœurs. Vers 1650, le genre s’est donc développé avec des hommes adultes dans tous les rôles, divisés en trois types : onnagata (rôle féminin), tachiyaku (héros masculin) et katakiyaku (méchant masculin).


Les performances, qui pouvaient autrefois durer une journée entière, sont de deux types, selon que le sujet soit la classe des guerriers samouraï (généralement alors joué dans le style dit « rude », aragoto) ou celle des marchands ou des paysans (alors dans le style « souple » wagoto). Influencé par le bunraku, le kabuki donne une grande importance à la danse et à la musique.


La scène du kabuki reflète les aspects les plus spectaculaires et pyrotechniques du genre, affectionnant les effets spéciaux et les coups de théâtre. Elle comporte un plateau tournant, le mawari butai, développé au 18e siècle. Cette plate-forme circulaire, montée sur roues ou intégrée dans la scène, permet un changement de décor appelé kuraten qui est effectué dans l’obscurité tandis que les acteurs ou les musiciens jouent un acte de transition. Le kabuki aime les apparitions inattendues et une série de trappes seri permettent aux acteurs de surgir ou de disparaitre comme par prodige. Un élément de décor également très important est le hanamichi (littéralement « le chemin des fleurs »), une avancée de la scène en forme de passerelle au-dessus du public, utilisée pour les entrées et les sorties les plus spectaculaires, comme la révélation d'une identité secrète ou la métamorphose d'un personnage. La course à l’effet a parfois mené à des excès comme l’usage de filins pour faire voler le personnage à travers la salle, mais ces procédés sont aujourd’hui jugés de mauvais goût.


Les musiciens sont souvent installés sur la scène, visibles par le public, mais peuvent également être dissimulés derrière un paravent, où soustraits aux regards, en coulisses. Ils accompagnent la pièce comme le ferait une musique de film, soulignant l’action, produisant bruitages et effets sonores, et jouant des interludes entre les passages parlés. Ils utilisent pour cela un grand nombre d’instruments différents, généralement des percussions et des éléments de bruitage.


Le théâtre nô est considéré comme la plus parfaite des formes artistiques du Japon. Il trouve ses origines dans les danses rituelles et la chorégraphie sacrée du shintoïsme. Celles-ci ont progressivement abandonné leur sens religieux pour prendre une fonction esthétique correspondant au raffinement de la cour impériale à partir du 8e siècle. Elles sont passées d’un rôle de divertissement au profit des dieux, à celui, profane, de spectacle pour les hommes. C’est au 14e siècle que la forme se perfectionne sous l’impulsion d’acteurs et d’auteurs comme Kiyotsugu Kan’ami et son fils Zeami Motokiyo, qui écrira les principaux traités concernant le nô, ainsi qu’une centaine de pièces, soit la moitié du répertoire actuel. Le genre deviendra par la suite un style élitiste, soutenu par les cours des nobles daimyos et des shoguns, puis des empereurs, mais détaché du peuple qui lui préféra le kabuki et le bunraku.


Les pièces de nô sont en deux actes distincts et les acteurs peuvent jouer des rôles différents dans les deux, comme interpréter un homme dans le premier et une femme dans le second. Les acteurs sont de trois types : le premier rôle, shite, qui joue, chante et danse, généralement masqué et portant des vêtements de cérémonie. Le second rôle, le waki, l’assiste sans masque et sert d’intermédiaire entre le public et le shite. Souvent assis, plutôt statique, il est à la fois narrateur et révélateur de la nature réelle du shite. Enfin les acteurs du théâtre kyogen proposent des intermèdes comiques entre deux scènes ou deux actes de nô, dans un style plus léger et souvent plus contemporain.


Les instrumentistes et le chœur sont placés à l’arrière de la scène, visibles du public. Un ensemble est traditionnellement composé de trois percussions et une flûte fue ou nokhan, et d’un groupe de huit chanteurs. (BD)

Bunraku

Kabuki


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