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Musiques modernes d’Okinawa – le boom des années 1970-90


Nenes (le groupe actuel) (via leur page Facebook)
Dans le courant des années 1970 et 1980, les musiques d’Okinawa se renouvellent au contact d’autres styles et deviennent populaires partout dans le monde, inspirant des artistes d’autres origines.

Avec la rétrocession d’Okinawa au Japon en 1972 apparaît une nouvelle génération d’artistes influencés par le rock qui était diffusé par les bases militaires américaines. Deux musiciens ont provoqué une mini-révolution en le mélangeant aux musiques traditionnelles de l’île : Shoukichi Kina et Sadao China. Shoukichi Kina (1948), fils de Shoei, sort son premier single en 1966, « Haisai Ojisan » et fonde le groupe Champloose en 1976. Le premier disque date de 1977 et attire l’attention de musiciens japonais et occidentaux. Ry Cooder et Haruomi Hosono participent au suivant, Bloodline, qui sort en 1980. Après un long moment de silence, Champloose revient sur les devants de la scène dans les années 1990 pour finalement arrêter ses activités à l’aube des années 2000, Kina s’étant impliqué dans divers mouvement de protestation et dans la politique. Leurs chansons les plus connues sont « Hana », « Don-Don Bushi », « Bashagwa Suncha » et « Agarizachi ». Le groupe a inspiré des musiciens du reste du Japon comme Shang Shang Typhoon, The Boom, Ryuichi Sakamoto et Makoto Kubota, ainsi que Bob Brozman qui enregistre l’album Jin Jin avec le guitariste de Champloose, Takashi Hirayasu. 


Sadao China est né en 1945 près d’Osaka mais est retourné à Okinawa avec ses parents dès l’enfance. Joueur de sanshin, il compose des chansons et sort ses premiers albums au milieu des années 1970. Il connaît un premier hit avec « Bye Bye Okinawa » sur l’album Akabana sur lequel il mélange les sons du sanshin au combo basse-batterie-guitare des groupes rock, ainsi qu’à des rythmes du reggae. Cet album a eu une grande influence sur les musiques modernes d’Okinawa. Il est également devenu producteur de divers groupes et l’organisateur de festivals.


Comme Champloose, le Rinken Band se forme en 1977, mené par le joueur de sanshin Teruya Rinken (1949-2005) originaire de l’île d’Okinawa, et par son épouse, la chanteuse Tomoko Uehara. Ils sont rejoints par divers musiciens jouant guitare, basse, batterie, synthétiseurs et percussions taiko. Leur musique est très pop et en même temps fortement infusée de minyo et d’eisa, avec parfois des influences indonésiennes. Leur éclectisme se retrouve notamment dans le mini album Rikka qui a été enregistré avec le groupe 3 Mustaphas 3. Tomoko Uehara a enregistré l’album Zan en solo, collaborant avec la joueuse d’erhu chinoise Jiang Jian Hua et le guitariste malien Mamadou Doumbia.


Produit par Sadao China, le groupe Nenes (qui se traduit par « sœurs ») comprend quatre femmes, Misako Koja, Yasuko Yoshida, Namiko Miyazato et Yukino Hiyane. Elles interprètent les chansons shima uta, mélangeant la tradition à des sonorités plus modernes, notamment du reggae. Les sons du sanshin, l’utilisation des échelles particulières de la région, ainsi que des cris ou des sifflements sont caractéristiques de leur répertoire. Elles se démarquent par leurs costumes inspirés des vêtements traditionnels. Leur album Koza Dabasa sorti en 1984 est un des plus connus ; Ry Cooder y a participé à la guitare. Le groupe d’origine a cessé d’exister en 2000 mais il a pris une nouvelle forme avec des chanteuses différentes.


Tetsuhiro Daiku, déjà mentionné pour ses albums traditionnels, a collaboré avec le saxophoniste et clarinettiste Kazutoki Umezu sur l’album Yunta & Jiraba et a composé des musiques aux influences chindon et klezmer sur Jinta Internationale. Il a joué dans Soul Flower Union et Soul Flower Mononoke Summit et, en 1998, il produit Agarooza avec les Tsundalers.


Jun Yasuba est originaire de Tokyo mais, fortement inspirée par le morceau « Agarizachi » de Shoukichi Kina, elle a appris le sanshin et s’est plongée dans les musiques okinawaïennes, notamment dans les traditions de l’île très reculée de Yonaguni. Elle a d’abord rejoint le groupe Shisars puis a formé un trio nommé An-Chang Project avec la chanteuse Yoshie Uno (qui était aussi dans Shisars) et la guitariste Natsuki Hattori. Elles ont intégré dans leur répertoire des chansons venant du Pacifique, de Kiribati, et de Taïwan.


Au début du 21e siècle, l’engouement pour les chansons d’Okinawa est retombé au Japon et dans le reste du monde. Chitose Hajime, originaire d’Amami, s’est tournée vers la pop et Rimi Natsukawa a produit des chansons d’Okinawa très mainstream. Mais suite au décès de Rinsho Kadekaru en 1999, de nouveaux artistes se sont à nouveau intéressés aux traditions. Après avoir quitté Nenes, Misako Koja a commencé une carrière solo et a sorti des albums auxquels participe le joueur de sanshin et chanteur Toru Yonaha. Celui-ci s’est plongé dans les traditions locales et a sorti des albums d’eisa et de katcharsee mais aussi des disques plus rock comme Shami Chiriti.


Groupe international, Ryukyu Underground est mené par l’anglais Keith Gordon et l’américain John Taylor mais une des voix est Mika Uchizato, originaire de Minami Daito, une île très isolée située à 360 kilomètres à l’est d’Okinawa. A Amami, Rikki Nakano est devenue une star, une de ses chansons a été utilisée dans le jeu Final Fantasy mais il ne faut pas oublier Mizuki Nakamura, Yasuo Kijima, Kosuke Atari, et Nami Makioka qui ont sorti des albums très intéressants et qui vont plus dans le sens de la tradition. (ASDS)

Playlist - The Okinawa Boom


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