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Sumatra – musiques préislamiques et culture melayu


Musique saluang de Sumatra

Grande île situé à l'ouest de l'Indonésie, Sumatra est habitée par une importante population de religion musulmane et de très nombreux groupes ethniques. Au cours des siècles, l'île a attiré des marchands, chefs religieux, conquérants et artistes de différentes régions du monde et la rencontre de ceux-ci avec les populations d'origine a influencé la culture locale.

 

Trois types de musiques se retrouvent sur l'île: une musique associée aux rituels animistes ou marquée par la période hindo-bouddhiste, jouée en général sur des gongs et percussions, une musique liée à la culture musulmane (cantillation du Coran et chants dévotionnels, parfois accompagnés de tambours sur cadre rebana et de luths gambus) et une musique mêlant influences portugaises et traditions arabes (danses de couple ronggeng et pop melayu).

 

Musique rituelle préislamique

Les différentes ethnies qui habitent les terres intérieures de Sumatra ou dans les îles (Nias, Mentawai, Enggano…) possèdent des traditions préislamiques. Concentrés au nord de l'île, dans la région autour du lac Toba, les Batak sont de religion chrétienne ou musulmane mais pratiquent encore d'anciennes cérémonies. Ils possèdent en effet une longue tradition de mélodies jouée aux percussions (tambours et gongs), accompagnées de hautbois (seruling, serunai ou sarune). Cette musique accompagne les cérémonies funéraires, de guérison ou en l'honneur des dieux. A côté de ces traditions millénaires, il existe également un répertoire de chansons plus accessibles à l'oreille européenne et qui sont nées lors du contact avec les missionnaires protestants au XIXe siècle.

 

Les Minangkabau vivent sur les hauts plateaux de l'ouest de Sumatra sur dans les îles Riau. C'est une ethnie à culture matrilinéaire – une des rares au monde - et elle possède une architecture assez remarquable: les toits des maisons ressemblent aux cornes recourbées des buffles. Leur musique a été fortement influencée par l'Islam mais montre des ressemblances avec les traditions de Madagascar ainsi que des influences polynésiennes. Elle est jouée sur des gongs métalliques nommés talempong ou même sur des mégalithes. Les mélodies rythmées et répétitives rappellent celles de gamelans de Bali ou Java mais sont moins complexes. Elles sont interprétées lors de cérémonies ou pour le divertissement. Il existe également un genre plus intime, le saluang, des chants accompagnés à la flûte du même nom qui sont interprétés lors de célébrations de la vie quotidienne.

 

Dans les forêts tropicales de la province de Riau, un archipel d'îles situées au centre de Sumatra, certaines ethnies (les Petalangan ou les Anak Suku Dalam) possèdent une riche tradition de cérémonies de guérison animistes qui font le lien entre les hommes et les esprits. Elles sont accompagnées de musique à la flûte ou d'ensembles de xylophones et de percussions. Ces peuples possèdent également un répertoire très développé d'histoires, de poésies, de berceuses et de chants funéraires. Sur l'île de Siberut, des chamanes font office de guérisseurs et apaisent les esprits hostiles à l'aide de danses et de chansons, parfois accompagnées de quelques instruments (gongs, tambour, flûte, guimbarde).

 

Musique malayo-portugaise ou culture melayu

La culture melayu ou malaise est présente dans cinq pays de la région: Indonésie, Malaisie, Singapour, Brunei et Thaïlande. Principalement musulmans, les Melayu indonésiens sont issus des nombreux sultanats et petits royaumes disséminés dans la région et ont connu l’influence de la culture portugaise qui y a possédé des comptoirs commerciaux. Leur musique est un mélange de ces sources, arabes et européennes. Cela se ressent dans les instruments utilisés: le violon européen côtoie le tambour sur cadre du Moyen-Orient (rebana) ainsi que les gongs locaux. Les danses zapin sont liées à la vie musulmane et sont interprétées lors de cérémonies de mariage ou de circoncision. La danse ronggeng est souvent accompagnée d'accordéon et peut avoir un caractère érotique: les femmes chantent et invitent les hommes à danser, ce qui est réprouvé par la religion. Ces musiques ont déjà été abordées dans le chapitre sur la Malaisie et sont développées dans le chapitre des musiques d'origine arabe.

 

 

Musique islamique

En parallèle avec ces musiques malayo-portugaises, les habitants de Sumatra, convertis à l'Islam dès le XVe siècle, pratiquent également des chants religieux, parfois accompagnés de quelques instruments. Différentes traditions existent à Aceh, à l'extrême nord de l'île mais également plus au sud. La musique et la danse sont désapprouvés par les Musulmans, qu'ils soient orthodoxes ou plus modernes. Cependant des artistes s'expriment au travers de chants religieux ou lors du zikr, la répétition du nom de dieu pendant des cérémonies soufies. Les Minangkabau ont notamment un répertoire de chants en duo dont les textes véhiculent la doctrine islamique (salawat dulang). Ce style précis ne se retrouve qu'auprès de cette ethnie et est interprété lors de cérémonies de la vie quotidienne et lors de fêtes religieuses. (ASDS)


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