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Le gwoka - percussions afro-caribéennes et danses


Percussionnistes lors d’une cérémonie Kongo à Capesterre Belle Eau, une photo de Phillipe Hurgon (via wikicommons)
Issu des communautés afro-guadeloupéennes, le gwoka est un style de musique qui combine percussions, chant à répons et danse. Il a évolué au fil du temps mais reste une tradition importante dans la société locale.

Né au 17e siècle parmi les esclaves d'origine africaine, le gwoka est une musique de percussions qui est proche du bèlè martiniquais, de la rumba cubaine et de la musique rasin haïtienne. Ses racines se trouvent dans les rythmes et les chants des pays du golfe de Guinée et de l’ancien royaume kongo en Afrique. En Guadeloupe, comme ailleurs sur le continent américain, le tambour était un moyen de communication entre esclaves ainsi que pour les neg-mawon, ces hommes et femmes qui s’étaient échappés ? des plantations.


Le gwoka était interprété lors de cérémonies traditionnelles lewoz ou swarèlèwoz pour divertir et lors de veillées funéraires. Ces soirées avaient lieu dans les plantations et étaient régies par certaines règlements internes (comme par exemple, ne pas jouer lors du carême). Jusqu’au début du 20e siècle, elles sont menées par un commandè qui tient un bâton et qui dirige les danseurs, tandis qu’un chanteur interprète les textes. Il existe quatre morceaux de base, ainsi que trois morceaux choisis librement, joués sur deux tambours ka principaux qui interagissent avec les danseurs, le chanteur et le public qui bat des mains. Il y a deux types de tambours ka : le boula ou tambour basse qui crée le rythme de base et le makè, plus aigu, qui improvise. Historiquement, ils étaient fabriqués avec des tonneaux de bois qui avaient contenu de la viande salée, mais ceux-ci ont été remplacés au fil du temps par des troncs d’arbres évidés, des bonbonnes en plastique ou des barils en métal.


Les danses sont intimement liées aux rythmes et varient en fonction de ceux-ci, allant de la danse de lutte à la danse d’amour, de la danse de travail à une sorte de valse. Un ou plusieurs solistes assurent le chant tandis qu’un chœur assure la réplique, créant une sorte de dialogue. Les paroles ont toujours tenu un rôle social, transmettant les informations et annonçant les événements du calendrier.


Le type de lèwoz ancien, avec commandè, évolue dans les quadrilles, et le gwoka prend une nouvelle forme plus libre dans les années 1950 et 60, la danse se détachant de plus en plus de la musique. Il acquiert en même temps un rôle revendicateur dans le mouvement indépendantiste, mettant en avant la reconnaissance de la langue créole. Dans les années 1980, alors que les carnavals étaient réanimés, le gwoka se libère des règles de base et emprunte d’autres rythmes, d’autres techniques de diffusion et une nouvelle orchestration. Vélo et Guy Konket par exemple ont innové et sorti le genre de son contexte rural, en y introduisant des percussions différentes comme le djembé, ou même de la guitare électrique. Vélo a également changé la position de jeu du tambour de couché à debout. Le musicien de jazz Gérard Locquel a fondé le groupe Gwo Ka Moden et a enregistré divers albums dans lesquels il joue les rythmes du gwoka sur d’autres instruments. C’est aussi à ce moment que voient le jour des groupes comme Kafé, Horizon, Gaoulé Mizik ou Van Lèvè. Certains musiciens empruntent une voie plus pop, comme Ti Celeste ou Eric Cosaque, ou même Kassav’ qui a utilisé ces rythmes dans ses deux premiers albums de zouk. Mais le jeu traditionnel reste présent, avec des artistes comme Esnard Boisdur qui interprète un gwoka à l’ancienne, en utilisant juste des percussions et le chant à répons.


Aujourd'hui encore, le gwoka garde une place importante dans la société guadeloupéenne, comme lors des contestations liées à la grève générale du début de l'année 2009. Le style est inscrit au Patrimoine culturel de l’humanité de l’Unesco depuis 2014. (ASDS)


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