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Musiques d’aujourd’hui, diaspora et expérimentation


Buraka Som Sistema (photo Libertinus, via wikipedia)
La scène musicale portugaise d'aujourd'hui est devenue très active grâce à une vague d'artistes qui s'inspirent des musiques traditionnelles et modernes des anciennes colonies.

Le Portugal a développé une scène new-wave électronique et cold wave dès les années 1980, après une époque dominée par le rock progressif dans les années 1970. Des groupes comme Taxi, Xutos & Pontapès, Sétima Legião, Radio Macau, Gnr, Street Kids (avec Nuno Canavarro et Nuno Rebelo) ou encore Herois do Mar (avec Pedro Ayres Magalhães et Carlos Maria Trindade, plus tard membres fondateurs de Madredeus) ont introduit la musique électronique dans le pays.  Le Portugal a embrayé à la vague eurodance avec des groupes comme Santamaria ou Anjos, et possède également son turbofolk avec la musique pimba, mêlant accordéon et variété techno.


C’est au début des années 2000, principalement à Lisbonne, qu’apparait un intérêt pour les musiques des anciennes colonies africaines du Portugal, soutenu à la fois par des diggers et des collectionneurs et par la diaspora venue d’Angola ou du Mozambique. Elle s’exprime d’abord dans une redécouverte de la semba, du kizomba et de l’afrofunk des années 1960 et 1970, puis dans une importation de styles modernes, principalement du kuduro) qui deviendra une influence majeure des producteurs électroniques. Le Collectif Buraka Som Sistema (avec la chanteuse Pongo) et le musicien Batida sont parmi les plus représentatifs de cette volonté d’hybridation typique de la scène lisboète. Batida tire son nom à la fois des mixtapes de kuduro diffusées dans les cafés et les taxis de Luanda (nom qu’elles ont-elles-mêmes emprunté au terme brésilien désignant le rythme de la bossa-nova) et par extension de la musique de fusion, à cheval sur l’Afrique et le Portugal, associant rythmes et samples tradi-modernes et production électronique, qui s’est développée sur cette base.


Le label Principe Discos, à la sélection rigoureuse et aux pochettes immédiatement reconnaissables pour leur design naïf et épuré, est un des principaux diffuseurs de cette musique, au travers notamment des soirées Noite Principe, organisées au Musicbox, un club du Bairro Alto dans le centre-ville de Lisbonne. Parmi les artistes publiés par le label, il faut citer DJ Nervoso, DJ Firmeza, Dj Nigga Fox, Dj Danifox et le pionnier DJ Marfox. Ils sont passés en quelques années de publications obscures sur l’internet à une reconnaissance internationale dans les festivals de musique électronique où leurs rythmes décalés et leurs influences africaines tranchent avec l’orthodoxie monotone de la techno et de la house. 


Si le label est devenu incontournable, au risque de devenir une nouvelle orthodoxie lui-même, il n’occulte toutefois pas totalement les autres protagonistes de la scène portugaises. Outre la batida et le kuduro angolais, d’autres styles comme le zouk-bass, le funana du Cap-Vert ou la musique de Guinée-Bissau, avec notamment Radio Cacheu ou DJ Buruntuma, sont bien présents à Lisbonne. D’autre labels se disputent aujourd’hui à Principe Discos le monopole de la musique électronique de la ville:  Discotexas, Celeste Mariposa, Enchufada, Ohxala …


D’autres projets, plus underground, viennent également compléter la scène club, avec par exemple le duo Ikoqwe, projet mené contre le néocolonialisme par Batida et le rappeur angolais Ikonoklasta, ou encore HHY and the Kampala Unit, créé à la suite d’une résidence au festival Nyege Nyege par le portugais Jonathan Uliel Saldanha avec deux artistes ougandais : la trompettiste Florence Lugemwa et le percussionniste Omutaba. (BD)

Playlist - Batida do Portugal


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