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L’après-dictature : la Movida et le punk


Alaska y los pegamoides
Les années 1970 ont vu la fin de la dictature franquiste et l’éclosion d’une scène musicale délivrée du conservatisme et de la censure. Née à Madrid, le mouvement de la Movida rassemble punks, artistes et créatifs autour d’une scène mêlant rébellion et provocation.

La fin du régime fasciste du général Franco a débuté avant sa mort, lorsqu’il nomme en 1969 le prince Juan Carlos, de la branche espagnole de la maison de Bourbon, comme son futur successeur, et prévoit le rétablissement de la monarchie. Devenu roi en 1975, Juan Carlos entame une transition vers la démocratie, malgré l’opposition de l’Église et des ultras du mouvement franquiste. Cette ouverture, en dépit de l’appel d’air frais qu’elle représente, ne signifie pas immédiatement la fin de la répression conservatrice. La garde civile, les milices d’extrême-droite et les autorités encore en place continuent à poursuivre tout ce qu’elles considèrent comme déviant : l’usage des langues régionales, les droits des femmes, l’homosexualité (décriminalisée en 1979 seulement), et traquent les organisations de gauche et les marginaux. 


Dans ce contexte se développe néanmoins un mouvement de rébellion qui prend la forme d’une scène culturelle appelée « la Movida ». Née à Madrid, grâce à la politique tolérante de son maire socialiste, Enrique Tierno Galvan, cet élan va progressivement se répandre à travers le reste du pays. Il rassemble des groupes hétérogènes de punks, de militants anarchistes, de créatifs et de musiciens. Les premières années seront marquées par une volonté de libération et de provocation répondant aux années d’oppression subies sous le régime traditionnaliste de Franco. Inspiré (de loin) par le mouvement punk britannique, une série de groupes vont construire une scène chaotique et extrêmement réjouissante en dépit de la répression policière. Jusque-là un couvre-feu était imposé aux femmes après 21h et les lois sur le vagabondage étaient utilisées pour harceler les punks et les marginaux. 


Parmi les principales figures du mouvement se trouvent des groupes comme Los Secretos, Mermelada, Kaka de Luxe (qui à sa séparation donnera naissance à plusieurs groupes majeurs comme Paralisis Permanente, Radio Futura, Paraiso, La Mode ou Alaska y los Pegamoides), Nacha Pop, Aviador DRO, etc. Une des formations les plus représentatives du mouvement est Alaska y los Pegamoides, mené par María Olvido Gara Jova, une jeune chanteuse punk de 17 ans. Alaska montera plus tard le groupe Alaska+Dinarama qui sera signé chez Hispavox et portera la Movida hors des frontières espagnoles avec une musique rappelant tour à tour Siouxsie & the Banshees, Dead or Alive ou Bananarama.  


La plupart de ces groupes revendiquaient un amateurisme complet et un refus des normes musicales et autres. La scène évoluera dans toutes les directions, le dadaïsme électronique d’Aviador DRO et des groupes de son label Discos Radioactivos Organizados, la musique industrielle d’Esplendor Geometrico ou Diseño Corbusier, et des directions plus rock, new wave ou pop : Radio Futura, Siniestro total, Seguridad Social, El Ultimo de la Fila, Decima Victima, Golpes Bajos, Gabinete Caligari, Semen-Up, Olé Olé, Duncan Dhu, et bien sûr Mecano. La Movida sera célébrée au cinéma par le succès de Pedro Almodovar qui en donnera sa vision personnelle, mélange de Zeitgeist et de nostalgie résolument kitsch. 


Madrid a été le centre de cette nouvelle mouvance espagnole, secondée de près par Vigo, siège de ce qu’on appelle la Movida Viguensa, mais d’autres villes ont rapidement suivi le mouvement, ou ont lancé leur propre vision sociale et musicale, comme Barcelone et sa scène punk hardcore, et le Pays Basque et la scène rock radicale (Rock Radikal Vasco). Alaska a aujourd’hui repris son nom de baptême, Olvido Gara, et a monté avec son complice Ignacio « Nacho » Canut le groupe électropop Fangoria. Ana Curra, autre musicienne des Pegamoides et de Paralisis permanente poursuit de son côté une carrière solo. (BD)

Playlist - La Movida : pop et punk des années 1980


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