Mondorama

Bien que ses origines remontent à l’Antiquité, la musique classique arabe s’est principalement développée durant la période islamique qui a vu éclore plusieurs écoles. La Syrie était durant le Moyen Âge le centre du monde arabe, dont Damas fut un temps la capitale. Alep était à cette époque un centre important pour la musique arabo-andalouse implantée au Levant. La musique arabe y a développé l'un de ses styles les plus fins en lien avec celui de l’Égypte et en concurrence avec celui de l’Irak, notamment pour le chant et le luth oud. On y trouve par exemple un style de poésie chantée appelé muwashshah (parfois transcrit en mouachah). Inventé au XI^e siècle en al-Andalus, l’Espagne médiévale musulmane, par le poète aveugle Muqaddam ibn Mu'afa al-Qabrí, il s’agit d’un poème à forme fixe en arabe ou en hébreu de cinq à sept strophes à rimes variées. Il est interprété par un chanteur soliste accompagné d’un ensemble instrumental nommé takht, composé d’un luth oud, d’un violon kamanja, de la cithare qanun (ou kanoun) et de percussions comme le derbouka et le daf. Les instrumentistes forment également un chœur qui accompagne le soliste.

Une performance musicale se présente traditionnellement sous la forme d’une wasla, une suite de passages instrumentaux et de plusieurs poèmes, généralement de type muwashshah, au mode fixé, mais parfois aussi de type dawr, semi-improvisé, ou qasida, improvisé. Le genre a parfois évolué pour correspondre à un orchestre de cordes de type égyptien, mais la tradition du muwashshah est aujourd’hui revenue aux sources, notamment sous l’influence du musicien d’origine alsacienne Julien Weiss qui a créé en 1983 l'ensemble Al-Kindî, une formation musicale basée à Alep, où il s’est installé de nombreuses années.

La Syrie a produit de nombreux grands vocalistes dont le plus célèbre est Sabah Fakhri, reconnu à travers le monde arabe. Le pays possède de plus une riche tradition de musique instrumentale pour oud ou pour qanun, qui comptent de nombreux virtuoses comme Muhammed Qadri Dalal ou Abdullah Chhadeh. Ce dernier (avec son groupe Nara) et d’autres artistes comme Maya Youssef fusionnent souvent une maîtrise des instruments traditionnels avec une approche moderne de la musique. (BD)