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Le minyo – la chanson populaire et son renouveau


Minyo Crusaders
Le minyo était la musique traditionnelle japonaise des campagnes et des petites villes régionales, avant les démarches d’occidentalisation de l’ère Meiji. Il est toujours apprécié de nos jours, avec un sentimentalisme empreint de nostalgie. Une nouvelle génération se plonge aujourd’hui dans ce répertoire.

Le minyo est un des styles musicaux les moins connus à l’extérieur de l’archipel japonais. Fortement lié à une forme de nostalgie nationale, voire régionale, c’est un genre populaire qui s’exporte peu. Il trouve ses origines dans les chants de travail des paysans et des artisans et plus généralement dans les mélodies qui rythment la vie de la campagne. Certaines de ces chansons ont une composante religieuse, d’autres sont accompagnées de danses. Elles étaient autrefois interprétées strictement a cappella, en solo ou en groupe (à l’unisson ou en répons), mais ont progressivement reçues un accompagnement instrumental au shamisen ou au shakuhachi, voire des rythmes joués au taiko.


Le terme minyo est d’usage récent. Même si le mot existe depuis longtemps, il n’a été choisi que lorsqu’il a fallu faire la distinction entre les chansons populaires d’origine japonaise, et celles créées sous une influence extérieure, notamment occidentale. Il est souvent considéré comme un équivalent de volkslied ou folk song, bien que ces termes recouvrent d’autres styles pour les Japonais. Folk song évoque par exemple des chansons accompagnées à la guitare, à la mode américaine. Le terme allemand a par contre la même tonalité émotionnelle, issue de la période romantique, et la même fascination pour la vie idéalisée de la campagne. Dans les communautés rurales au contraire, le mot est rarement utilisé et on parle tout simplement de « chansons » (uta ).  


Le minyo a souvent servi d’inspiration pour d’autres styles comme le tsugaru shamisen ou l’enka, pour ne citer qu’eux. Il a lui-même évolué vers des mélodies de plus en plus complexes, correspondant au passage du statut de chant populaire à celui de chansons interprétées par des musiciens professionnels ou semi-professionnels. De nombreuses chansons folkloriques interprétées aujourd'hui ont été reconstruites en tant que culture traditionnelle locale après la restauration Meiji, lorsque les autorités ont fait un appel pour l’écriture de nouveaux textes afin de remplacer les paroles jugées trop vulgaires ou à caractère explicitement sexuel. Les différents minyo restent toutefois liés à leur région d’origine, et évoquent de grands sentiments de nostalgie chez les gens qui en proviennent, ou qui y ont de la famille (parfois lointaine). Le style a pour tous cette dimension sentimentale, attachée à un Japon ancien, souvent considéré comme perdu, et à une vie plus simple. Certaines formes régionales sont néanmoins souvent exclues du minyo, comme les chants aïnous ou les chansons d’Okinawa, qui forment pour beaucoup des catégories à part. (ajouter des liens vers les articles ?) 


Après une longue période de transition au début du 20e siècle, le minyo a connu un renouveau à partir des années 1960, malgré la concurrence de la musique pop et le stigmate de genre rustique ou de « musique de vieux ». Longtemps taxé de rude et d’inélégant, voire de paillard, le style a progressivement regagné l’intérêt du public, y compris des jeunes, à nouveau intéressé par les racines (réelles ou imaginaires) de l’identité japonaise. Les bars folk, où des professionnels, mais aussi des membres du public, viennent chanter du minyo ont vu leur clientèle rajeunir. Une nouvelle génération de musicien·nes se replonge dans ce répertoire, comme les chanteuses Aya Kagayama, Yujiro Takahashi, Takemi Kakizaki, Kanazawa Akiko ou les groupes Chanchiki, Aragehonzi, Takio Band (du vétéran Takio Ito) ou encore les Minyo Crusaders. Beaucoup interprètent une version modernisée du minyo, utilisant un mélange d’instruments traditionnels et modernes, et mélangeant quelquefois le genre à d’autres comme le rock, l’électronique, la musique africaine ou latino-américaine. (BD)


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